Congres 2006: Ad-Astra 2006
(les billets suivants ont été originalement publiés sur Fractale-framboise.com en avril 2006)
Première journée
Désolé, pas de photos. En attendant, quelques notes au sujet de la convention Ad Astra, du voyage Ottawa-Toronto et du reste de la journée…
- Malgré ce que l’on peut dire sur l’avilissement de l’humanité par notre civilisation moderne, il faut croire qu’au fond, l’humain reste un explorateur. Comment expliquer, autrement, qu’un fonctionnaire pantouflard puisse trouver un réel plaisir existentiel à parcourir quelques 500 kilomètres pour aller dans une ville peu familière et voir ce qui s’y passe?
- L’hypnose des autoroutes et l’illusion de la liberté offerte par un long périple automobile. Discutez.
- J’ai coutume de dire que la civilisation se définit par ses excès (ou, pour retourner la question, que la civilisation n’est rendu possible que par ce qui excède le simple niveau de la survie) mais il est tout aussi vrai qu’elle se définit par ce qui passe inaperçu. La présence d’un long ruban d’asphalte reliant un point à l’autre n’est pas naturelle: Et pourtant, ledit ruban (et la conséquence d’un transport relativement sûr et efficace entre ces deux points) est pris pour acquis. En ce qui me concerne, je suis rarement aussi membre de ma civilisation que lorsque je peut arrêter à une station-service, faire le plein, régler la facture par carte de crédit et repartir en quelques minutes sans aucune autre intervention humaine.
- Peu importe comment de fois je visite une métropole comme Montréal et Toronto, je reste incapable de saisir la différence de magnitude qui sépare ces villes d’Ottawa.
- Décrire l’agencement intérieur et extérieur du Crowne Plaza Don Valley où se déroule Ad Astra est un exercice en frustration. Imaginez une forteresse, une pieuvre, un tas d’hexagones et une fourchette à deux dents. Maintenant que vous avez exercé votre esprit à retenir ces objets différents, vous êtes peut-être capable de comprendre quelque chose à cet hôtel. Maintenant, imaginez essayer d’y parvenir.
- En revanche, l’accès wi-fi est gratuit et fiable au lobby. C’est toujours ça!
- Cela faisait depuis la huitième année que je n’avais pas été faire un tour au Centre des sciences de l’Ontario. Peut-être aurais-je dû en rester là: Malgré quelques éléments spectaculaires (la forêt amazonienne recréée de toute pièce, l’écosystème de corail, quelques éléments d’un “cabinet de curiosités”), le Centre vise un peu trop jeune. Peut-être est-ce la journée qui n’aidait pas: les tout-petits semblaient être cinq fois plus nombreux que les adultes. Par moment, le Centre à l’air vieux: usé, maltraité, jauni. Pourquoi la science ne doit-elle être intéressante qu’aux enfants?
- Je ne m’attendais pas à voir un total de trois heures de film aujourd’hui, mais les circonstances ont dicté autrement. Quelques critiques rapides: Mysteries of the Nile (IMAX): Spectaculaire, bien sûr: Une authentique aventure, de la source du Nil jusqu’au Caire. Fighter Pilots (IMAX): Ouh, oui! Essentiel pour les férus d’aviation militaire. Des scènes dignes d’un film d’action: Avez vous déja entendu un A-10 en Surround? The Lost World (version 1920s): Muet, monochrome, Mise en scène vieillote et des acteurs à faire rire, mais il y a un certain réconfort à savoir que, des décennies avant Godzilla, il y a toujours eu cette fascination pour les films de grosses bêtes.
- Si vous cherchez dans le dictionnaire pour la définition de “convention de SF”, c’est Ad Astra qui devrait s’y trouver. Moyennement grosse (on parle de centaines de participants), Ad Astra essaie au moins de répondre à une bonne partie des intérêts disparates qui composent le fandom anglophone actuel. Anime, comics, science, écriture, costumes, etc: Peu importe votre intérêt, il y a une mini-convention complète pour vous ici. La forte composante locale d’Ad Astra fait en sorte que c’est une convention beaucoup plus cohésive que les Worldcons et Westercons.
- Je suis surpris du nombre de personnes que je reconnais. Je suis rassuré par l’idée qu’ils ne me connaissent pas.
- Si j’assiste sans aucune hésitation à des tables-rondes sur des sujets scientifiques, c’est parce que c’est toujours intéressant, on y apprends toujours quelque chose et qui sait ce qui peut s’avérer utile dans le futur? Une seule table-ronde sur la vie dans l’espace vient de me donner des douzaines d’anecdotes et de pistes de recherche sur les problèmes médicaux à affliger les astronautes, des études sur les groupes isolés, de façons exotiques de mourir (ou de ne pas mourir, contre toute attente) et sur l’impossibilité de vivre longtemps dans l’espace.
- Ed Greenwood joint ma liste d’auteurs qui peuvent de convaincre d’aller à une table-ronde plutot qu’une autre.
Deuxième journée
Je vous avais promis des photos. Je ne vous avais pas promis de belles photos…
Troisième journée
Le dimanche matin est toujours morose à n’importe quelle convention de fin de semaine. Après la tornade du samedi et les partys divers de la nuit, tous se lèvent (souvent avec un mal de tête) en sachant que c’est déjà presque fini. La journée en sera une de bilan, de voyage, de retour à la normale.
Pour Ad Astra 2006, ce fut encore pire que d’habitude: Puisqu’il s’agissait de la fin de semaine où l’on devait avancer notre horloge d’une heure, les gens ont du composer avec encore plus de sommeil en moins. L’effet était évident: il manquait des participants à toutes les tables rondes, et ceux qui restaient était plus prompts à critiquer l’énoncé du programme et se demander ce qu’ils faisaient là. (À l’énoncé de table ronde “1900 to 2000 to 2100: How did we get here? Where are we going? What will 2100 look like?“, Glenn Grant a facilement répondu “By car down the 401 highway; back to Montréal; and why don’t you ask me again at nine o’clock?“)
J’ai moi-même déchanté dès que je me suis aperçu que les thèmes commençaient à se répéter. Une table-ronde sur des conseils d’écriture ne m’ayant pas beaucoup appris à part quelques anecdotes amusantes et une nouvelle blague sur les écrivains, j’ai décidé de partir tôt pour me rendre à la maison à une heure raisonnable. C’est donc durant les quelques heures passées sur ladite autoroute 401 que j’ai fait mon bilan d’Ad-Astra 2006.
Ma première conclusion hâtive, c’est que je serai de retour à Ad Astra 2007: Ayant fait des débuts conventionnels dans des événements régionaux à Ottawa, Ad Astra m’a rappelé un juste milieu entre les conventions intimistes à la Boréal et les extravagances de style Worldcon. Si l’une et l’autre sont essentielles, il n’en demeure pas moins que les conventions de SF ont habituellement l’air d’événements à la Ad Astra: on y retrouve (assez littéralement) les fans et auteurs locaux. Ad Astra se tient à Toronto, mais peut compter sur une bonne représentation d’Ottawa et Montréal. La cohésion d’un tel groupe est de loin la bonne raison pour aller à ce type d’événement; sans même y penser, j’y ai croisé une demi-douzaine de francophones et près de deux douzaines de gens ayant passé à Boréal à un moment ou un autre et plusieurs, plusieurs visages familiers. Si Ottawa ne peut ou ne veut plus tenir de conventions SF, je me vois bien osciller entre Toronto et Montréal pour retrouver les membres du triangle est-canadien de la SF.
Certains vont à des conventions pour les amis; d’autres pour faire la fête; d’autres pour se ressourcer. Que l’on soit écrivain ou lecteur, les conventions sont d’excellentes occasions pour raviver la flamme qui nous anime. Les écrivains ont l’occasion de discuter de leur métier entre eux, s’échangeant conseils et vacheries sur le monde de l’édition. Les lecteurs peuvent obtenir des recommandations, mettre un visage et une voix sur certains auteurs favoris et rencontrer des lecteurs aussi voraces qu’eux.
Une des forces d’une convention de la magnitude d’Ad Astra, c’et de pouvoir offrir une panoplie d’événements divers. Que l’on soit intéressé à la SF, l’écriture, la socio-technologie, l’anime, les comics, le jeu de rôle, la science, les costumes ou autres, il était possible de passer une fin de semaine entière concentrée sur ce sujet. Ad Astra est une collection de conventions plutôt qu’une seule: il est tout à fait possible à deux personnes d’y passer la fin de semaine sans se croiser.
L’hôtel Crowne Plaza où s’est tout déroulé comporte sa part de bons et de moins bons points. Je n’ai rien à redire sur l’excellent service wi-fi disponible à travers l’hôtel, et je dois reconnaître qu’ils ont été fort serviables lorsque ma réservation n’est pas initialement apparue dans leurs dossiers. Mais l’agencement de la convention elle-même n’était pas idéal: Plusieurs tables rondes comprimées dans des salles à peines plus grandes qu’une simple chambre d’hôtel; un agencement étroit de tables faniques à côté des salles de conférences principales (avec conséquences audibles); nombreux goulots d’étranglement où même le bambin le plus inoffensif pouvait bloquer des douzaines de personnes; plusieurs escaliers; etc. Il n’est pas simple que de caser une convention de centaines de personnes dans un hôtel pas trop dispendieux, mais certains irritants demeurent.
Chose surprenante, je suis revenu de la convention en n’ayant ramassé aucun livre. S’il est vrai que j’ai rarement été autant à la fine pointe de la SF que je ne le suis présentement (donc pas vraiment en manque de nouveautés), il est aussi vrai que mes efforts à ne pas acheter de livres superflus semblent moyennement efficaces. Il est aussi vrai que la salle de vente du congrès semblait à la fois moyenne et surchargée.
Mais ce ne sont pas autant les livres qui font une convention que la qualité des gens qui y sont. J’y ai retrouvé avec plaisir quelques amis moins-que-célèbres dont je garderai l’anonymat; ce fut un plaisir que de discuter avec eux. J’ai été particulièrement choyé d’avoir échangé quelques mots avec Guy Gavriel Kay, Allan Weiss, James Allan Gardner, Nancy Kilpatrick, Isaac Szpindel, Claude Lalumière, Karl Schroeder et Tobias Buckell. (Et pas seulement parce que certains d’entre eux seront à Boréal!) Ce fut également toute une expérience que d’assister à des tables rondes avec des gens aussi exceptionnels que Robert J. Sawyer, John Allen Price, Carl Frederick, Peter David ou Ed Greenwood —et j’en oublie.
Prochaine étape? Hé bien, vous n’avez pas besoin que je vous dise que le congrès Boréal approche à grands pas. Ce qui est un peu plus neuf, cependant, c’est que l’on a profité d’Ad Astra pour annoncer Con*Cept 2006, qui va se dérouler du 13 au 15 octobre à Montréal. J’ai une petite idées des invités (un d’eux s’est fait abordé alors que j’étais dans les parages), mais je laisserai le site du congrès annoncer les nouvelles. Plus près de la maison, je note avec une curiosité croissante la tenue de C-ACE 2006 à Ottawa du 23 au 25 juin, une convention de plus en plus intéressante à tous les égards. Si vous lisez ce billet en vous demandant ce à quoi ressemble une convention “à l’américaine” avec costumes, klingons, table rondes, auteurs anglophones et tout le reste, pourquoi ne pas profiter de Con*Cept ou C-ACE pour aller jeter un coup d’œil dans une convention près de chez vous?