Boréal 2006

À première vue, c’est un paradoxe: comment ce fait-il qu’à l’approche du congrès Boréal, le blog soit si calme alors qu’il s’agit du moment idéal pour convaincre son auditoire de la nécessité d’aller à un congrès de science-fiction et de fantastique? C’est que les trois co-fondateurs du site sont tous impliqués, à un degré ou un autre, dans l’organisation du congrès. Tout cela en plus d’une vie, d’un travail et de projets d’écriture: il ne faut peut-être pas s’étonner si le blog arrive alors bon trentième dans une liste de quarante priorités. Le paradoxe devient conséquence logique.
Ceci dit, n’ayez crainte: Fractale Framboise rebondira, et beaucoup plus rapidement que vous pouvez l’espérer. Les lecteurs européens du blog (et ceux qui vivent trop loin de la région montréalaise) pourront bientôt tout savoir de Boréal alors que nous serons sur place pour vous rapporter les faits saillants du congrès. (Gardez un oeil sur notre catégorie Congrès Boréal) Mais en attendant, voici un aperçu de l’horaire de Boréal 2006 et à qui il s’adresse…
Tout d’abord, un lien de référence: Le programme officiel du congrès. Ensuite, les informations essentielles: Boréal 2006 aura lieu à Montréal, au septième étage du pavillon Henry F. Hall de l’université Concordia (un lieu historique pour les riot nrrrdz) du vendredi, 5 mai à 9h30 jusqu’au dimanche, 7 mai à 18h. La liste des invités est longue, mais on notera surtout Guy Gavriel Kay, Élisabeth Vonarburg, Patrick Senécal, Joël Champetier, Candas Jane Dorsey, Claude Lalumière et Jacques Baudou.
Chaque Boréal a quelque chose de particulier, et l’édition 2006 a ceci de différent qu’elle comporte un volet académique assez étoffé. Tout la fin de semaine, il y aura des communications académiques de chercheurs en la matière, allant de la lecture des mangas jusqu’à “Aliss de P. Senécal : la métalepse comme instrument du fantastique “. En plus des savantes communications, il y aura plusieurs tables rondes portant sur la traduction, la critique et le traitement de la SF&F par les médias populaires. Ce à quoi s’ajouteront trois tables rondes sur comment aborder nos trois genres de prédilection, avec des spécialistes des genres: Entre autres invités, on notera Steve Laflamme (que nous avons vu passer sur Fractale Framboise quand nous avons discuté de Québec Français 139) et Mario Tessier (du Bar des Sciences sur la SF).
Les écrivains en herbe auront beaucoup de matériel à se mettre sous la dent pendant Boréal: En plus de l’inestimable réseautage dans un congrès s’adressant à des férus de genre, il y aura de nombreuses tables rondes s’adressant aux écrivains: En plus des conseils prodigués dans le cadre des “Cinq mauvaises habitudes d’un nouvel écrivain” (avec des conseil de pros de Pelletier, Champetier, Meynard et Sernine), on comptera des discussion sur les rouages cachés de l’écriture, comment écrire sans exploitation, comment harmoniser recherche et réalisme et ce que c’est que d’écrire dans une langue colonisée.
Mais que les lecteurs et amateurs de SF&F se réjouissent, parce que Boréal demeure fidèle à ses origines faniques. Il y aura un court survol de l’histoire de la SFQ, une discussion de l’infrastructure des genres au Québec, ainsi qu’un survol des nouvelles idées essentielles de la science-fiction (et ce avant de s’interroger sur le déclin de la SF américaine). Ceux qui aiment entendre lire seront comblés par un bloc de lectures le samedi soir, alors que les fans qui aiment mieux la controverse et les mauvais films pourront s’exprimer sur ce qui les agace en SF, puis hurler à travers une heure trente de bandes annonces tout aussi racoleuses les unes que les autres.
Anglophone readers and fans won’t be left out with roughly five hours of English-language programming, including Guy Gavriel Kay’s GoH speech “Home and Away”, two panels (“Is American SF losing its edge?” and “Writing Fantasy Today”), Allan Weiss’s academic paper “The Reception of the Surreal in English- and French-Canadian Literature” and a number of Saturday evening readings, including the special event “Claude Lalumière Presents…” Plus the friendly bilingual fans and guests, of course!
Les amateurs de Guy Gavriel Kay seront tout à fait comblés. Au programme: discours d’honneur; “Kayversation” entre Kay, sa traductrice Élisabeth Vonarburg, les auteurs de fantasy Héloïse Côté et Julie Martel; une courte présentation de Jean-Louis Trudel sur l’oeuvre Kay; et les présences de GGK lui-même aux tables rondes.
Ce n’est pas fini! Les passionnés de la saga de fantasy d’Héloïse Côté pourront passer une heure avec l’auteure. Ceux que le conte intéresse pourront suivre un atelier sur le sujet, mené par nul autre que notre propre Éric Gauthier. Les amateurs des Six Brumes (y compris leur forum de discussion électronique), du fanzine Brins d’Éternité et du projet Anticipation 2009 ont tous une case horaire pour se rencontrer, solidifiant la place de Boréal comme le rendez-vous de tous les amateurs de littérature de genre d’ici.
Si rien d’autre, vous aurez une excuse idéale pour vous procurer des livres de SF&F d’ici (grâce à la présence de la Librairie André à la salle de ventes), et de les faire dédicacer par les auteurs.
Tout cela, et nous n’avons même pas mentionné la remise du prix Boréal, ainsi que du Grand Prix de la Science Fiction et du Fantastique Québécois!
Il va sans dire que tout Fractale Framboise y sera: En plus de nos nombreuses participations aux tables rondes, il y a une rencontre dédiée aux amateurs de ce blog samedi à 13h à la salle H-760. Au menu: De tout, de rien… et des framboises. Venez nous dire bonjour!
Vendredi
La bonne nouvelle, c’est que l’édition 2006 du congrès Boréal roule déjà à un train d’enfer: la première journée s’est achevée après un éventail de communications d’un intérêt qui en a surpris quelques-uns, et quelques tables-rondes qui ont donné le ton à la fois substantiel et sympathique qui caractérise l’événement.
La mauvaise nouvelle, c’est que l’université Concordia, où se trouve le congrès cette année, ne permet pas aux visiteurs de se servir de son réseau Internet sans-fil. Il va sans dire que cette situation vous privera des reportages les plus directs que nous voulions faire, mais pas nécessairement d’une bonne idée du congrès… en autant que vous êtes prêts à attendre un peu plus longtemps. (Je n’ai pas encore tout à fait abandonné l’idée de craquer l’accès Internet sur place… Mais peut-être serait-il préférable de ne rien dire de plus sur ce sujet pour l’instant.)
La splendeur géométrique de l’édifice Henry F. Hall
L’édifice Hall où se déroule Boréal n’est pas un endroit particulièrement convivial pour les congrès: Le septième étage n’est pas évident à atteindre (et mon projet de vous présenter un guide-photo pour s’y rendre a été interrompu par un garde de sécurité qui m’a demandé d’effacer les photos que je venais de prendre au rez-de-chaussé, assorti de quelques questions froides visant à déterminer pourquoi je prenais des photos. Sans commentaires…) et Boréal a partagé les lieux avec au moins deux autres événements durant la journée. Les choses seront plus simples demain, avec une liberté d’opération accrue et quelques salles supplémentaires.
Mais bon. L’important, c’est le congrès. Cette première journée avait décidément une emphase académique, mais ne laissez pas l’expression vous donner l’idée d’un événement ennuyeux: le ton accessible du colloque a été donné dès l’introduction d’Olliver Dyens (co-organisateur du colloque à Concordia), bourrée de références à la SF classique.
Élisabeth Vonarburg scrute la présentation d’Ollivier Dyens
Le reste du colloque ne fut pas moins intéressant, allant des considérations au sujet de la lecture des mangas (Valérie Cools) à l’élaboration d’une école québécoise de la critique en SF (Nicholas Serruys). Occupé à gauche et à droite à contribuer à l’organisation du congrès, je suis loin d’avoir tout vu, mais j’ai pris un plaisir particulier à entendre Amy Ransom tenter de traiter avec L’Oiseau de Feu de Jacques Brossard, s’interrogeant en public sur la valeur de l’oeuvre sans atteindre de réponse définitive. Pour le reste, j’ai entendu des commentaires élogieux sur le reste des présentations, autant au niveau du contenu que de son accessibilité, ce qui n’est pas toujours simple lorsqu’on traite de sujets académiques. Notre propre historien de la SFQ, Jean-Louis Trudel, a réservé une double dose d’érudition à Boréal avec une présentation sur les origines de la SFQ, et une autre sur l’oeuvre de Guy Gavriel Kay.
Jean-Louis Trudel, prof, trouve audience à Boréal
Mais au-delà des communications, il y avait aussi des tables rondes, événements qui brouillent la distinction déjà floue entre le “colloque” et le “congrès” Boréal. Caroline-Isabelle Caron, Patrick Senécal et Valérie Cools se sont penchés sur “les autres médias”, établissant des liens entre la SF&F écrite, celle portée à l’écran, et la bande dessinée.
Patrick Senécal, Valérie Cools et Caroline-Isabelle Caron font vaciller notre point de vue sur les autres médias
Un peu plus tard, Joël Champetier, Patrick Senécal et moi-même nous sommes penchés sur le paradoxe de la libre expression à une ère où le lecteur d’un texte n’est pas toujours celui pour qui le texte a été écrit. Malgré une animation typiquement cabotine et un sujet qui n’a pas particulièrement collé au libellé (deux tares pour lesquelles je dois prendre pleine responsabilité), le tout s’est plutôt bien déroulé. Les choses se sont encore mieux passé lors de la dernière table ronde de la journée, une discussion sur la religion en SF&F avec une excellente participation de la salle.
Vendredi soir à Boréal
Parlant d’audience, Boréal peut habituellement compter sur des départs tranquilles –mais l’édition 2006 s’annonce déjà bondée: Aidé par l’unique salle de programmation, l’audience aux événements a rarement chuté en-dessous de trente personnes, atteignant un sommet dans la mi-quarantaine durant soirée, avec une douzaine d’autres personnes ailleurs dans les corridors. Samedi étant la grande journée du congrès, faudra voir si la tendance se poursuit…
Joël Champetier, Jacques Baudou, Candas Jane Dorsey, Jean-Louis Trudel et Guy Gavriel Kay à l’ouverture du congrès Boréal 2006
En attendant, le congrès est bel et bien lancé. D’autres détails demain!
Samedi
L’absence d’accès Wi-Fi à l’université Concordia n’aura finalement eu que très peu d’effet: Il se déroule habituellement tellement de choses le samedi que de rester immobile pendant cinq minutes est un exploit –alors oubliez le live-blogging.
En attendant d’avoir un peu plus de temps, voici quelques photos.
Le calme avant…
Jean-Louis Trudel, des petits hommes verts… et une audience
Champetier, Senécal, Meynard et Côté discutent de recherche, de réalisme et de gnarl.
Vonarburg, Kay, Martel et Côté en pleine Kayversation
Pour diner, Boréal se retrouve évidemment au Faubourg
Guy Gavriel Kay présente “Home and Away”
Walton, Kay, Meynard et Dorsey discutent de la fantasy d’aujourd’hui.
Dimanche
Et voilà, c’est tout: Un autre congrès Boréal de terminé, prochain rendez-vous en avril 2007. Que faire d’autre que de signaler ma satisfaction exténuée? Comme directeur de la programmation, je suis incapable d’évaluer le congrès selon ses propres mérites: Je pense surtout aux erreurs, aux critiques et aux choses à améliorer l’an prochain.
Je reviendrai sans doute sur le congrès demain (quand j’aurai accumulé quelques heures de sommeil) mais c’était un bon Boréal. Les finances de l’événement demeurent précaires, surtout sans subventions, mais le congrès semble avoir attiré le plus grand nombre d’inscrits depuis 1988, un record également atteint par le nombre de votants aux prix Boréal. Il y avait aussi beaucoup de nouveaux visages, signe visible d’une vague qui, étant donné quelques années et un peu plus d’expérience, va changer les choses en SFQ.
Après plusieurs doutes initiaux, les locaux offert par l’université Concordia se sont avérés fort adéquats, surtout lorsque nous avons pu profiter des salles H-763, 765 et 767: Doté d’un accueil et d’un axe central, Boréal a rapidement retrouvé l’atmosphère qui caractérise un bon congrès: le bourdonnement crée par des douzaines de conversations ayant lieu en même temps. Je ne pardonne pas encore le manque d’accès Wi-Fi, mais ce sera une autre chose à améliorer pour l’an prochain.
Autrement, je vais garder mes commentaires courts ce soir: plutôt que d’oublier quinze choses importantes, je vais dormir là-dessus et conclure de manière un peu plus cohérente demain.
Conclusion
Dimanche
Et voilà, c’est tout: Un autre congrès Boréal de terminé, prochain rendez-vous en avril 2007. Que faire d’autre que de signaler ma satisfaction exténuée? Comme directeur de la programmation, je suis incapable d’évaluer le congrès selon ses propres mérites: Je pense surtout aux erreurs, aux critiques et aux choses à améliorer l’an prochain.
Je reviendrai sans doute sur le congrès demain (quand j’aurai accumulé quelques heures de sommeil) mais c’était un bon Boréal. Les finances de l’événement demeurent précaires, surtout sans subventions, mais le congrès semble avoir attiré le plus grand nombre d’inscrits depuis 1988, un record également atteint par le nombre de votants aux prix Boréal. Il y avait aussi beaucoup de nouveaux visages, signe visible d’une vague qui, étant donné quelques années et un peu plus d’expérience, va changer les choses en SFQ.
Après plusieurs doutes initiaux, les locaux offert par l’université Concordia se sont avérés fort adéquats, surtout lorsque nous avons pu profiter des salles H-763, 765 et 767: Doté d’un accueil et d’un axe central, Boréal a rapidement retrouvé l’atmosphère qui caractérise un bon congrès: le bourdonnement crée par des douzaines de conversations ayant lieu en même temps. Je ne pardonne pas encore le manque d’accès Wi-Fi, mais ce sera une autre chose à améliorer pour l’an prochain.
Autrement, je vais garder mes commentaires courts ce soir: plutôt que d’oublier quinze choses importantes, je vais dormir là-dessus et conclure de manière un peu plus cohérente demain.
Quelques autres mentions de Boréal dans la blogosphère:
beaucoup,
beaucoup,
beaucoup (photos!),
beaucoup,
beaucoup,
aimé son expérience à Boréal –et son rapport ne semble pas être terminé.
Un recensement complet attendra le calme post-Boréal, mais on a déja commencé à blogger Boréal ailleurs sur le web: Tournevis, Eleonore H et Mireldar anticipent le congrès sur leurs blogs respectifs, alors que Hugues Morin me scoope avec le premier rapport post-ouverture. Gardez un oeil sur Technorati pour des mises à jour…
Quelques liens tout frais: Mathieu F annonce son départ, puis revient avec une fournée de photos. (Y compris, um, l’équipe de Fractale Framboise au complet.) Mîreldar y était aussi.
Le site du Grand Prix a également été mis à jour.
Puis, pour ceux qui l’auraient manqué, la Presse a publié un article sur “la francophonie en fantasy-land” quelques jours avant le congrès Boréal, article signé Sonia Sarfati (que l’on a vu au congrès).
En attendant la vague de blog-o-commentaires sur Boréal qui suivra le retour à la maison de la plupart des participants, LadyDeath a son mot à dire sur le congrès.
Ailleurs sur le web, Tournevis nous enseigne comment écrire un rapport de congrès en trois parties: vendredi, samedi et dimanche.
De son côté, Jean-Louis Trudel se remet du congrès en marchant sous Montréal.
Deux autres rapports: Élisabeth Vonarburg nous présente des portraits, et Dominic Bellavance se demande où étaient les lecteurs.