Essai: Comment construire… un cylindre de Noël.

Collègue : «Qu’est-ce que tu fais en fin de semaine?»
Moi : «Je construis mon arbre de Noël.»
Collègue : «Quand tu dis que tu construis…»
Moi : «Peu de gens commencent avec une torchère brûlée.»
J’avoue : je ne célèbre pas vraiment Noël chez moi. Je n’ai pas d’enfants, je ne reçois pas assez de visiteurs et je suis réfractaire aux traditions de la saison, y compris la bizarre coutume d’amener un arbre dans son salon, de le couvrir de quincaillerie clinquante et de le mettre aux ordures quelques jours plus tard.
Mais même les iconoclastes les plus endurcis peuvent s’intéresser à de tels rituels si une idée saugrenue les saisit. S’ils peuvent se convaincre de combattre l’excentricité de ne pas célébrer par encore plus d’excentricité. S’ils réalisent qu’un arbre de Noël, ça peut être un projet d’ingénierie plutôt qu’une tradition stupide. Si, à la fin de l’exercice, ils finissent avec un objet unique au monde, et un billet pour leur blog.
Voici donc comment construire un cylindre de Noël.
La première étape est conceptuelle. Il s’agit simplement de déconstruire l’idée d’un arbre de Noël. Oubliant la sordide histoire païenne du Sapin de Noël, le tout se résume à un canevas vert sur lequel on étend des boules de verre colorés et autres bidules de saison. La hauteur est plus importante que la largeur, ce qui nous amène géométriquement au cône… puis au cylindre par souci d’efficacité. Nos ancêtres utilisaient des sapins parce que c’est tout ce qu’ils avaient dans leur cours arrière, mais étant donné notre technologie moderne, pouvons-nous faire mieux?
Dans mon cas, les lampes torchères brûlées sont plus communes que les sapins dans ma cours arrière. Ayant récemment remplacée une lampe halogène frite par une autre plus efficace, je me suis retrouvé avec un objet prêt à mettre aux poubelles… ou à servir de base idéale pour un cylindre de Noël. Pensez-y : La torchère mesure un bon six pieds et est coiffée d’un grillage éminemment pratique pour y attacher des choses. J’aurais demandé à des concepteurs de m’inventer une base pour cylindre de Noël que je n’aurais pas trouvé mieux.
(Note importante pour tous les poussinots et poussinettes: Ne tentez pas ceci à la maison, et si vous le faites, n’utilisez pas de torchère halogène fonctionnelle! Étant donné la température de telle lampes, nous ne parlons plus ici de risque incendiaire, mais de certitude incendiaire.)
Mais à moins d’être un grand partisan de Festivus, une lampe torchère mise dans un coin n’est pas une tentative suffisante à combattre l’impérialisme culturel que représente maintenant Noël. Acceptant la tradition pour mieux pouvoir la pervertir, il faut au moins faire un effort et courber comme le roseau. Précipitons nous donc au Canadian Tire pour se doter d’une quinzaine de guirlandes scintillantes vertes de 18’. Ceci étant fait, nouons une extrémité de ces guirlandes à la grille qui coiffe la lampe torchère. Puis, il suffit de boucler les derniers douze pieds de la guirlande une fois autour du nœud initial. Ne vous inquiétez pas de la force du nœud : ces guirlandes n’auront qu’à supporter leur propre poids. Puis répétez le processus autour de la torchère jusqu’à ce que le tout ressemble à un hybride entre un arbre de Noël et le Cousin Itt de la famille Adams.
Le canevas est prêt. Maintenant, il faut lui mettre des boules. Retournez au Canadian Tire et obtenez au moins une douzaine de boules rouges et une autre douzaine de boules bleues : C’est classique, c’est complémentaire et ça ne risque guère d’offenser personne. (Les autres bonnes couleurs de bases me semblent être vert et argent. Or? Oh, la-la, on prend des risques!) Alors que vous êtes toujours au Canadian Tire, n’oubliez pas de vous procurer un rouleau de fil à pêche et des crochets à boules de Noël. Pourquoi? Parce que vous allez utiliser des longueurs variées de ce fil à pêche pour relier vos boules à vos crochets, et utiliser le grillage en haut de la lampe pour y accrocher vos décorations. (Il est possible d’utiliser des hameçons pour ce faire, mais il est également possible de finir par s’accrocher avec lesdits hameçons.) Il y a des étapes intermédiaires que je laisserai l’étudiant résoudre, comme la construction des crochets, ou la formule mathématique à suivre pour calculer les longueurs de fil à pêche idéales pour une distribution esthétiquement plaisante des boules sur toute la surface du cylindre.
Ceci étant terminé, nous avons maintenant un cylindre de Noël que je qualifierais d’essentiel, sans flair ni souffle. Pas de quoi impressionner la parenté —qui devrait d’ailleurs être déjà déboussolée par tout le projet. C’est à ce moment-ci que vous pouvez toujours vous façonner vos propres ornements, transformer les objets que vous avez autour de la maison, lancer diverses choses sur le cylindre en espérant que ça y colle, ou aller commander la sélection grandissante d’ornements geek. En ce qui me concerne, n’ayant pas de collection d’ornements à symboles mathématiques, je suis retourné voir les magasins du voisinage pour voir ce qu’ils avaient en étoiles, flocons fractaux, libellules et fuseaux de la saison. Puis j’ai tout mis sur le cylindre.
On croirait avoir fini… mais il manque quelque chose. Il manque le summum, le top, la touche finale pour compléter le tout. Non, pas un ange : Un arbre de Noël mérite un écureuil de Noël! C’est donc ainsi que Martha, l’ourscureuil mutant, a pris sa place au sommet du cylindre.
C’est parfait : Il n’y a plus rien à changer.
(En fait, il reste peut-être une chose à ajouter : des lumières LED « froides », enroulé autour du montant central, pour fournir un peu de lumière de saison. J’ai bel et bien inclus de telles lumières dans le cylindre avant de l’enrober de guirlandes vertes, mais il y a tellement de guirlandes que les lumières sont difficilement perceptibles, et encore moins sur les photos.)
Je vous présente donc le cylindre de Noël, édition 2007.
Joyeuses fêtes à tous les lecteurs de Fractale Framboise!