Congrès 2008: Denvention3

(Les billets suivants ont été originalement publiés sur Franctale Framboise durant le mois d’Aout 2008)
Horaire
Pour ceux qui seraient de passage a Denver la semaine prochaine, je signale humblement que je ferai partie des milliers de congressistes sur place, et que les organisateurs m’ont gracieusement mis a l’horaire pour deux tables-rondes:
- Jeudi, 16:00 – Fandom and SF outside the English-speaking world (Modérateur)
- Vendredi, 10:00 – Canadian Science-Fiction.
Si vous planifiez être a Denvention3, venez dire bonjour! Je suis particulièrement curieux de parler a des lecteurs anglophones de Fractale Framboise.
Pour ceux qui ne seront pas a Denver, continuez de lire ce blog pour un reportage en plusieurs parties de ce qui se passe habituellement a une Worldcon. (Mon but avoué est d’ailleurs de vous convaincre de venir a Montréal l’an prochain pour la Worldcon 2009.)
Voici ce que l’on trouvera a Denvention3: Des fans, des auteurs, des professionnels du milieu de l’édition, des discussions sur tous les aspects de la SF, des costumes, des furries, des joueurs, des chanteurs, des remises de prix (y compris les Prix Hugos) et beaucoup beaucoup plus.
Comme vous pouvez vous l’imaginer, mes présences au programme de la Worldcon sont contractuellement liés a ma connaissance du milieu de la SF canadienne-française: Je parlerai de l’état des genres aujourd’hui a qui veux bien m’entendre. (Alire, Solaris et Boréal, bien sûr, mais aussi Anne Robillard, Bryan Perro, les Six Brumes, Brins d’éternité, etc.) On attend ma présence a quelques événements organisés par Anticipation, question de clarifier quelques aspects du pendant francophone de l’événement.
Bref, restez a l’écoute pour beaucoup plus de détails!
Bienvenue à Denver
Avant que ne commence cette gigantesque foire fanique qu’est la Worldcon, prenons un moment pour examiner la ville où se déroule le tout.
Comme vous le savez sans doute, la World Science Fiction Convention n’est pas un congrès qui se déroule au même endroit à chaque année: Des groupes de fans peuvent soumettre des propositions aux congressistes, qui décident deux ans à l’avance où se tiendront les éditions suivantes. L’an dernier, les congressistes à Yokohama ont décidé que l’édition 2009 de la Worldcon aurait lieu à Montréal. Cette année, les fans peuvent voter, mais seul Melbourne (Australie) a posé sa candidature.
C’est à Los Angeles, en 2006, qu’un vote dramatique (huit voix sur plus de 500 votes!) a sélectionné Denver plutôt que Chicago pour la Worldcon 2008. C’est donc ainsi que la “ville à un mille d’altitude” s’est retrouvé hôte d’une Worldcon pour la première fois depuis les année 1980. Ville-charnière entre les grandes plaines américaines et les montagnes rocheuses, Denver allie un passé historique très Western et une attitude décidément moderne, une fusion que montre bien le nouveau centre-ville très moderne et pourtant aussi très différent des autres métropoles (nord-)américaines.
Un rappel que nous sommes, après tout, dans l’ouest américain.
D’un point de vue géographique, Denver a ses particularités: L’altitude de la ville, à 1,600 mêtres au-dessus du niveau de la mer, est un facteur important: Le climat est désertique (entre l’aéroport et la ville, il n’y a que des plaines jaunes déytratées à perte de vue.), l’oxygène est raréfié (18% moins d’air qu’au niveau de la mer), le soleil tape plus fort avec 1,600 mètres moins de protection UV. On conseille aux voyageurs à Denver de ne pas sortir sans une bouteille d’eau et de la crème solaire. De plus, on leur recommande de ne pas trop faire d’activité physique pendant les premières vingt-quatre heures, question d’habituer son corps aux conditions.
Aéroport de Denver. Remarquez la verdure.
Mais la Worldcon n’est pas le seul congrès d’envergure à se tenir à Denver ce mois-ci. Les férus de la politique américaine savent que le congrès national du parti démocrate aura également lieu ici d’ici le 23 août, moment auquel Barack Obama sera confirmé comme représentant officiel du parti pour les élections présidentielles américaines. Curieusement, cela fait deux fois de suite que le congrès présidentiel démocrate finit par aboutir dans la même ville que la Worldcon: En 2004, les démocrates avaient choisi Boston, deux semaines avant que se tienne Noreascon4. Dans les deux cas, c’est la Worldcon qui avait choisi la ville en premier, et dans les deux cas, c’est la Worldcon qui pâtit de la coïncidence: le congrès démocrate est énorme (plus de 20,000 personnes!) et il déplace tout sur son passage, bousculant blocs d’hôtel et plus petits congrès. Même s’il y a trois semaines de différence entre les deux événements, les congressistes ont fini par payer des chambres d’hôtel plus chères, dans des hôtels plus éloignés, dans une ville bousculée de congrès ayant déplacé leurs dates, et ce dans des rues déjà arborée des bannières démocrates…
Impossible d’échapper aux bannières
Mais bon. Pour l’instant, on soulignera l’excellence du centre-ville de Denver, avec sa densité respectable de gratte-ciels moderne, ses transports en communs bien rodés entre autobus et trains légers. On soulignera le capitole de la capitale d’état, les nombreux musées, le fantastique mail commercial qu’est devenu la 16e rue du centre-ville (avec autobus gratuits qui vont d’un bout à l’autre du mail) et les feux de circulation qui permettent aux piétons de traverser les intersections en diagonale.
Capitole de l’état du Colorado, vu de loin.
Mail de la 16e rue.
Remarquez l’intersection diagonale.
Bienvenue à Denver, et que la Worldcon commence!
Première journée
C’est fait: la 66e World Science Fiction Convention, Denvention3, est lancée. Durant les prochaines cinq journées, 3500-4000 personnes vont se bousculer au gigantesque Colorado Convention Center pour parler de SF et d’autres choses. Il ne s’agit pas d’un endroit de rencontre petit et serein: les corridors sur CC sont longs, et la Denvention partage l’espace avec la compagnie John Deere et un congrès de statisticiens. Denvention3, en fait, est relégué tout à l’arrière du centre des congrès.
Bienvenue au Colorado Convention Center. Population: trois congrès.
La première impression est que l’endroit est un peu trop grand et que les divers composantes du congrès sont trop éparpillés, sur trois étages qu’il peut être long de naviguer. De plus, pour un photographe tentant de documenter l’événement, il peut être difficile de trouver une photo représentative du nombre de congressistes sur place. Mais le tout ne fait que commencer.
Voici tout de même ce qui était possible de faire sur place en cette première journée…
Assister à des tables rondes (celle-ci: “Meilleures oeuvres de 2008”)
Admirer des costumes (Y compris le légendaire “lounge lizard”, à gauche.)
Examiner d’authentiques Prix Hugo des débuts jusqu’à l’an dernier.
Se renseigner au sujet d’autre congrès aux tables faniques
Dépenser son argent dans la salle de ventes
…et ça ne fait que commencer.
Deuxième journée
Journée complète et bien remplie à Denvention3 aujourd’hui: Des panels de 10h à 18h30, des congressistes bien arrivés sur place, de plus en plus de costumes, et une atmosphère qui ne cesse de s’améliorer. La deuxième journée d’une Worldcon est souvent sa plus ordinaire; les gens sont arrivés, les accolades de bienvenue sont faites, et aucun événement d’envergure ne vient dominer la soirée, laissant tout la place aux partys divers.
Des partys pour tout le monde…
En ce qui me concerne, j’ai eu le privilège d’animer une table-ronde sur la SF et le fandom à l’extérieur de l’anglosphère. La discussion s’est bien déroulée, avec des panélistes en mesure de discuter de SF espagnole, portugaise, israélienne et canadienne-française. La salle était suffisamment petite qu’il est devenu possible de dialoguer avec des membres de l’audience ayant des connaissances particulières sur la scène finlandaise, suédoise et européenne. (Avec un peu d’espéranto.) Évidemment, tout le succès de l’événement repose sur mes co-panélistes: Alvaro Zinos Amaro, Rani Graff et Sarah Hoyt, avec un peu d’aide d’une audience informée qui comptait, entre autres, Cheryl Morgan et Martin Hoare.
J’ai également assisté à des tables-rondes parfois révélatrices sur “Nouvelles tendances en SF” et “SF militaire telle que perçue par des non-militaires”. Du matériel standard dans les deux cas, mais des panélistes qui connaissent leur métier et savent comment divertir une audience. Jusqu’ici, les table-rondes semblent convenablement fréquentées: les salles sont pleines mais pas bondées, ce qui est à peu près l’idéal que cherche à atteindre le comité de la programmation.
Sans compter le reste de ce qui reste possible de faire à la Worldcon: les jeux, la musique, les films, la salle de vente, les exhibits faniques et le reste. Le congrès semblait nettement plus vivant aujourd’hui que hier, mais le Colorado Convention Centre reste beaucoup plus grand que nécessaire: en me promenant au gré des corridors, j’ai même découvert un autre sous-sol et une section “café” complètement déserte. Le congrès des statisticiens a commencé à quitter l’édifice: les affiches demeurent mais pas les statisticiens, oouuu…
Il y a foule près des tables d’Anticipation!
Venez à Worldcon, voyez des films. (Ici, une des scènes les plus houla de STARDUST)
Sélection du site de la Worldcon 2010: Avez-vous voté pour ou contre l’Australie?
Un regard lointain sur l’exposition artistique. (Les caméras ne sont pas permises plus près)
Aaah! Un gigantesque ours bleu regarde à l’intérieur du Centre des Congrès!!
Demain, les choses s’emballent: Je participe à une table ronde sur la SF canadienne dans une des grandes salles, et la journée se termine par un party par Anticipation. Et, entre les deux, la grande mascarade costumée. Je vous promet des photos.
Troisième journée
Les incidents s’accumulent, les gens partagent leur impressions, et à ce moment-ci, il semblerait que Denvention3 soit en passe de devenir une Worldcon ordinaire. Aucune catastrophe, aucun désastre, aucun scandale jusqu’ici, mais une accumulation de petits détails continue de rebrousser le poil de plusieurs: la tradition des épingles de nominées aux Hugos a été brisée, ils y a quelques conflits d’horaire, la disposition des éléments du congrès continue d’éparpiller l’énergie, etc. Tout cela n’est qu’anecdotique, et on attend encore des problèmes majeurs, mais l’impression laissée par un congrès se trouve souvent dans les détails, et ceux-ci sont ce qui sépare une Denvention d’une Noreascon.
En ce qui me concerne, j’ai passé la première partie de la journée à des tables-rondes. Premièrement à 10h, j’ai représenté la SF canadienne-francaise au panel Canadian Science Fiction, sous l’habile animation de Robert J. Sawyer, en compagnie de Jo Walton, Barb Geller-Smith et Edward Willett. Ne laissez personne vous dire que la SF francophone n’intéresse personne; les détails de ce qui fait sa différence continuent de fasciner des interlocuteurs peu importe où nous sommes. La tabe-ronde elle-même s’est bien déroulé, en grande partie grâce à la bonne animation de Sawyer, mais aussi la participation active de l’audience.
Franche discussion dans l’audience de Canadian Science Fiction.
Par la suite, j’ai assisté à des discussions sur la critique (bien sûr) et sur les romans/nouvelles situés à la Worldcon. (Il y en a plus que vous ne le croyez, y compris deux anthologies “Alternate Worldcons”) Le discours de Lois MacMaster Bujold semblait pénible pour elle: si elle semblait bien sympathique et soucieuse de plaire à son audience, sa voix était rauque et son discours ponctué de toussotements et gorgées d’eau. J’ai remarqué qu’elle n’est pas la seule auteure sur place à souffrir d’un rhume: attention…
Avis: Lois McMaster Bujold a des fans, beaucoup de fans…
Le reste de la journée a été beaucoup moins structuré: J’ai passé deux heure à me sentir inutile à la table d’Anticipation. (Je peux vanter les mérites de Montréal, mais les aléas des inscriptions m’ont laissé contraint de m’excuser pour être un imbécile et référer les inscrits à la personne à côté de moi.) J’ai été souper avec un écrivain britannique et une fan de la région de Denver, ce qui nous fait manquer une mascarade qui s’est étonnamment déroulé à temps et en à peine une heure (!!!) Puis, ce fut une présence au party joint d’Anticipation/Nippon, où j’ai tout de même réussi à parler à quelques personnes en en apprendre plus sur leurs impressions de Denvention3.
Qui essais-je de tromper? Voici la raison pour laquelle les gens vont à une Worldcon.
En attendant de faire le ménage dans toutes ces impressions, aujourd’hui est la grande journée de la Worldcon: C’est une pleine journée de programmation, mais c’est aussi la fin de semaine (bonjour, visiteurs d’une journée!) et c’est ce soir que seront remis les Prix Hugo. Je peux être ambivalent au sujet de la mascarade, mais croyez bien que je ne vais pas manquer les Hugos.
Une geisha se laisse photographier dans les papparafans à la sortie de la mascarade.
Une fraction des dépliants disponibles sur place
La légendaire Voodoo Board, instrument de communication toujours utile en celle ère de cellulaires.
Pour un congrès hors de ce monde, votez Xerps en 2010!
Quatrième journée
Journée importante pour Denvention3 et le reste de la SF: C’est aujourd’hui que sont décernés les Prix Hugos, premier jet du canon futur du genre. C’est aussi la journée la plus bondée du congrès, avec un bon nombre de visiteurs d’un jour, de gens costumés seulement pour cette journée, et d’événements spéciaux. Pour moi, en tant que membre (même insignifiant) du comité organisateur d’Anticipation, c’est une journée où l’on s’attend à ce que j’accomplisse un certain travail de promotion.
Il y a du monde aujourd’hui…
Mais auparavant, il y a des événements à apprécier. Décidant de remplir ma journée de tables-rondes après une arrivée tardive au centre des congrès (réveil tardif, plus la buanderie nécessaire aux voyage légers), j’ai assisté successivement à des tables rondes sur la politique et le fandom, la popularité vs l’excellence et une table-ronde intitulée “The Best Convention Panel Ever”, sans sujet précis mais avec les excellent(e)s Connie Willis, Joe Haldeman et Mike Resnick. Personne ne s’est ennuyé alors que ces trois professionnels ont discuté entre eux au sujet du métier et de la vie d’écrivain.
Table-ronde: Popularity vs. Critical Acclaim, avec James Morrow, Farah Mendlesohn, Madeleine Robins, L.E. Modesitt et Karen Burnham
Ailleurs pendant la journée, je suis à nouveau ressorti de la salle de vente les mains vides, à l’exception de quelques nouvelles photos prises pour le prochain numéro de la revue Solaris, sous la direction artistique de Louise Alain.
Brian Hades chez Edge Books
Un peu de Gnome Bowling pour vous relaxer?
Un peu d’humour à l’exposition des modèles réduits: Star Trek durant The Trouble with Tribbles.
Les corridors du centre des congrès paraissaient légèrement plus bondés, surtout à l’approche de la soirée des Hugos. Finalement vers 19h, des milliers de congressistes ont pris place à l’intérieur du gigantesque Fargo Wells Theater pour assister à la cérémonie.
Bienvenue à l’amphithéatre Wells Fargo.
Aspect positif: tout a commencé à l’heure, et le discours du “maître des toasts” Wil McCarthy était plein d’humour auto-référentiel. Aspect négatif: Ça a pris cinquante minutes avant que ne soit remis le premier Hugo.
Le maitre des toasts Wil McCarthy
Chris Garcia, présentateur énergique
Vous trouverez la liste des gagnants ailleurs. Je suis, évidemment, en désaccord avec l’essentiel des choix (c’est dans ma nature), mais ce désaccord cordial ne s’étend pas à des gagnants tels Ted Chiang, David Hartwell, Stardust, John Scalzi ou la charmante Mary Robinette Kowal.
Mary Robinette Kowal, récipiendaire du prix Campbell
John Scalzi, meilleur fanécrivain
David Hartwell, toujours resplendissant
L’audience commence à se demander quand ça va finir…
Si vous n’étiez pas sur place, vous avez manqué les moments où un David Hartwell gagnant a fait tournoyer son veston au-dessus de sa tête, un autre où Robert Silverberg a expliqué, pince-sans-rire, pourquoi et comment remporter un Hugo torpille une carrière, ou bien les longues tangentes qui ont indiqué à tous, sans mentionner de nom, que Connie Willis avait remporté un (autre) Hugo. Sans compter le récipiendaire qui a failli échapper son prix par terre.
Connie Willis, favorite de la foule (ici, peu après avoir échappé un gros mot.)
George R.R. Martin, présentant “The Big One”
Robert Silverberg, prodiguant de sage conseils…
Mais pour moi, le véritable show a commencé dès que s’est terminé la cérémonie. Laissez moi préciser une tradition fanique: un des partys les plus sélects de la Worldcon est le Hugo Nominee Party (anciennement connu comme Hugo Loser Party), organisé par la Worldcon de l’année suivante. Seuls les nominés aux Hugos (et autres grosses pointures) sont invités. Tous les membres du comité organisationnel d’Anticipation avaient reçus invitation et instructions: SVP aider à l’organisation du party, et essayez de voir si les nominés comptent se rendre à Anticipation. Ceci est particulièrement crucial pour l’équipe de la programmation: plus de professionnels, plus de discussions intéressantes.
Un aperçu du Hugo Nominee Party. Combien de pros pouvez-vous repérer?
C’est donc ainsi que j’ai passé deux heures à parler à des auteurs bien cotés tels Walter Jon Williams, Charles Stross, Sean Williams, David Marusek, L.E. Modesitt et autres pour les convaincre de l’intérêt d’une Worldcon à Montréal. Tous ont eu des réponses favorables et polies, mais j’en ai profité pour demander quel type d’événement qui ferait leur affaire: une idée que je retiens est celle de rencontres à Anticipation entre éditeurs français et auteurs anglophones pour faciliter d’un coup les échanges et projets futurs. (le vice-versa n’est pas impossible non plus)
Mais l’effet cumulatif de tant de discussions dans une salle bondés de nourritures et de noms connus est enivrant, même sans alcool. J’ai discuté assez longtemps avec Sean Williams et David Marusek des traductions de leurs livres en français, en leur expliquant quelques réalités du marché francophone. Charles Stross m’a dévoilé la finale du cinquième livre de la série des Princes Marchands. À un moment donné, je me suis retrouvé dans une discussion entre Robert Silverberg et Walter Jon Williams (deux auteurs que je lis depuis longtemps), appuyé contre le meuble où trônait fièrement le Hugo de David Hartwell. Est-ce que l’on peux atteindre un moment plus fort dans une soirée comme celle-là?
Le Prix Hugo de David G. Hartwell, déguisé par le gagnant.
Toute une journée, en effet. Je n’aurai pas à chercher loin mes souvenirs les plus vifs de Denvention3.
Ailleurs au congrès: Comment régler une crise de salade échappée par terre.
Cinquième journée
Suite et fin de Denvention3 dans un centre des congrès progressivement plus vide et aussi de plus en plus dominé par la marque du congrès national des chefs de pompiers, dû pour débuter la journée suivante.
Derniers applaudissements durant la cérémonie de clôture
Torturé entre l’envie de parler à des amis et connaissances, ou de repasser à travers tout le congrès une dernière fois, Je n’ai assisté qu’à trente minutes de table-ronde aujourd’hui. Mais quel trente minutes: une dose de réalité purement mercenaire de la part de Dean Wesley Smith et Kristine Kathryn Rusch, deux écrivains qui n’hésitent pas à changer de nom de plume, laisser sombrer dans l’oubli des projets payés mais non publiés, répondre sans broncher aux demandes éditoriales de leurs éditeurs, et généralement ne laisser aucune parcelle de leur égo artistique contaminer leur métier. Ca semble fonctionner; Smith dit avoir écrit et publié plus de 90 romans, sous divers noms.
Présentation: Kristine Kathryn Rusch et Dean Wesley Smith
Une bonne fraction de cette dernière journée a été consacrée à d’autres discussions exceptionnelles au profit d’Anticipation: Pour rehusser le profil d’Anticipation auprès des éditeurs professionnels du milieu, la Worldcon montréalaise a décidé d’inviter ces gens à un brunch matinal, dans la même suite d’hôtel qui avait accueillie le Hugo Nominee Party quelques heures auparavant. Une façon de passer les restants de la veille (chut), ce qui n’était tout de même pas mal étant donné quelques bagels fraîchement achetés et la qualité de la nourriture servie la veille. J’ai ainsi pu nouer ou renouer quelques contacts avec des éditeurs tels Brian Hades (Edge), Liz Gorinsky (Tor), Lou Anders (Pyr), Jim Minz (Baen) et autres. J’ai pris un certain plaisir à introduire Louise Alain (Alire) à une bonne fraction des ces professionnels. À ma bonne surprise, Jim Minz s’est immédiatement avéré connaissant en SF canadienne française, et pour cause: il avait travaillé sur des livres tels The Dragon’s Eye (Champetier) et The Book of Knights (Meynard) alors qu’il était chez Tor.
Démantèlement du Art Show
Après le congrès, les dépliants restent sur place…
Le reste du temps passé à Denvention3 avant la cérémonie de clôture fut une série de derniers regards, d’au-revoirs à des amis éparpillé autour du monde en attendant de les revoir l’an prochain, ou bien à un autre congrès. Worldcon, c’est comme une grande famille qui se réunit une (ou quelques) fois l’an et se sépare en attendant la prochaine fois. À chaque année, on rencontre de nouvelles personnes et on devient membre de la famille un peu plus rapprochée.
Bienvenue à un centre des congrès aux États-Unis: Interdiction de fumer, de découper, de tirer…
L’ours n’a pas réussi à entrer dans le centre des congrès. (Il est griffé.)
Denvention3 s’est achevé avec une cérémonie à l’image du congrès lui-même: compétente, organisée correctement, assez sympathique, mais généralement sans panache et non sans quelques accrocs techniques. Évidemment, toutes les Worldcons ne peuvent pas touts êtres excellentes: Il en prend des ordinaires pour que l’on puisse faire la différence entre elles et les bonnes. En mon expérience limitée des Worldcons (après Toronto, Boston et Los Angeles), celle ci plane au-dessus de Torcon mais souffre dans l’ombre de l’ultra-professionnalisme des équipes de LAConIV et (surtout) Noreascon4.
Centre-ville de Denver, vu de l’ouest
Ailleurs à Denver: Visite à la célèbre librairie Tattered Cover
Et pourtant, cette évaluation ne prend compte que du congrès lui-même, non pas de mon implication dans ceux-ci. Sans quoi l’évaluation change: Toronto restera ma première Worldcon, et au niveau des contacts personnels, cette Worldcon-ci a été excellente; Grâce à mes tables-rondes et au travail que je devais accomplir pour Anticipation, j’ai eu de bonnes excuses pour aller parler à des gens, et plusieurs personnes ne se sont pas gênées pour venir me parler en retour. Dire que tout ce bon monde s’en vient à Montréal…
René Walling, co-directeur d’Anticipation, tenant en main le marteau cérémonial des Worldcons.
Exclusivité Fractale Framboise! Le marteau cérémonial de la World Science Fiction Society
Épilogue
Une semaine après la fin de Denvention3, que retenir?
Hé bien, il semblerait que le congrès ait été un succès, à la fois au niveau des organisateurs que des congressistes.
Pour l’organisation, disons qu’il y avait des doutes au sujet de Denvention3. L’arrivée subite du congrès national du parti démocrate a bousillé bien des plans à Denver en forçant des douzaines de congrès à trouver de nouvelles dates et, en cascades, en forçant ces mêmes congrès à négocier avec des hôtels dans un environnement où les hôtels tenaient le gros bout du bâton. Ma chambre d’hôtel était 50% plus chère qu’à Los Angeles il y a deux ans, et à quatre rues du centre des congrès. Étant donné la mauvaise situation économique aux États-Unis, beaucoup de fans ont préféré rester à la maison, et il y avait de véritables craintes que le congrès ne réussisse à dégager un profit. Selon les rumeurs, le congrès n’aura pas de dettes, mais il reste que ce sera sans doute la Worldcon américaine la moins financièrement réussie depuis un moment, et celle avec le moins de congressistes depuis les années 1970s.
Pour les fans, hé bien les divers rapports lus ailleurs sur la toile sont éloquents : tout le monde a bien aimé, et les discussions amorcées par Denvention3 continuent d’alimenter les blogs. Malgré mes gémissements divers, ça prends plus que des longues marches, des pépins techniques et une programmation ordinaire pour ternir l’impression laissée par une Worldcon : impossible de ne pas trouver d’interlocuteurs intéressants dans les 3,600+ personnes sur place, encore moins lorsqu’on a un rôle à jouer pour la Worldcon de l’an prochain.
C’est donc à Montréal et Anticipation 2009 qu’il faut maintenant penser. Que retenir de l’expérience de Denver? Quels correctifs, détails, précisions et ajustement faut-il apporter? Il reste 51 semaines au calendrier, mais le travail doit commencer dès maintenant…
Ailleurs sur la toile :
- Cheryl Morgan a entendu le point de vue des SMOFs
- Tom Veal offre un point de vue bien informé sur l’événement.
- Kevin Standlee décrit la dernière journée
- Quelques fans moins âgés racontent
- Pourquoi les Worldcons sont-elle si dispendieuses?
- Photos! Photos! Photos!
Denver, Colorado
Un des avantages offerts par la nature nomade des Worldcons, c’est l’excuse de voir du paysage dans les villes-hôtes. Pourquoi voyager seulement pour le congrès lorsqu’il est possible d’étendre le séjour d’une journée ou deux pour visiter les environs? C’est ce que j’ai décidé de faire le lundi suivant Denvention3, repoussant mon départ du dimanche au mardi, profitant ainsi des meilleurs prix d’avion de mi-semaine.
Ça danse en permanence au centre culturel de Denver
Comme d’habitude, j’ai décidé de me fier aux services de la compagnie Gray Line pour mon tourisme programmé : Je ne suis pas toujours impressionné par leurs tours guidés (Ah, parlez-moi des rednecks qui nous ont fait visiter Miami…), mais ils livrent toujours la marchandise promise dans leurs brochure, et leurs tours donnent habituellement une vue d’ensemble suffisante de ce que la ville-hôte a à offrir.
À l’horaire de l’escapade post-Denvention : Un premier tour « de ville » l’avant-midi, et un deuxième tour dans les montagnes environnantes durant l’après-midi.
Ne pas lire la (suite…) si le tourisme ne vous intéresse pas.
Comme d’habitude, Gray Line est en mesure d’aller chercher les touristes là où ils demeurent, c’est-à-dire en face des hôtels du centre-ville. C’est donc à 7:50 que l’autobus est venu me ramasser au Marriott où je chambrais. À l’intérieur du bus, par pure coïncidence: les fans montréalaises Yolande Rufiange et Cathy Palmer-Lister, toutes deux en ville pour Denvention3 et eux aussi volontaires pour une journée de tourisme à la Grey Line. (Vous aurez peut-être reconnu le nom de Cathy Palmer-Lister comme étant celui de la directrice du congrès Con*Cept. Petit monde!)
La base d’opération de Grey Line Colorado se trouve au Cherry Creek Shopping Center, un centre d’achat très recherché dans la banlieue sud-est de la ville. C’est là que j’ai dit au revoir à mesdames Rufiange et Palmer-Lister, qui s’en allaient dans une tour guidé différent. Pour ma part, j’étais un des quatre heureux clients du tour de ville matinal. (Un nombre inhabituellement bas, nous a-t-on dit, sans doute dû au ressac provoqué par l’imminence du congrès national du parti démocrate.)
Le tour de ville a commencé par nous amener dans quelques banlieues chics du sud-est avant de remonter tranquillement vers le nord pour un arrêt-minute au parc municipal où se niche le Denver Museum of Nature & Science. Pas le temps de visiter, seulement de prendre quelques photos du centre-ville dans un écrin de verdure savamment irriguée. (Denver étant, après tout, dans un environnement semi-aride, presque tout ce qui y est vert est abondamment arrosé. La différence se voit dans les quartiers résidentiels, où certains propriétaires arrosent et d’autres pas.)
Denver, vu de l’est.
Notre trajet en boucle nous a ensuite amené à travers le parc municipal pour quelques sculptures, au jardin botanique de la ville, puis vers le Colorado State Capitol, où nous avons eu 35 minutes pour examiner l’intérieur et les environs des édifices.
L’extérieur du Capitole…
…l’intérieur du Capitole
Un des attraits principaux des tours guidés Gray Line, c’est comment ils peuvent suggérer d’autres endroits à visiter à notre aise. C’est ainsi que la prochaine étape du tour nous amené à travers le centre-ville, nous montrant rapidement le musée des beaux-arts, la monnaie fédérale, le centre municipal, la 16e rue, le centre des congrès et autres destinations familières à ceux qui (kof-kof) avaient passé les quelques derniers jours au centre-ville.
Centre civique
La dernière étape du tour de ville a trouvé son apogée à une arrêt-photo au stade Invesco, un endroit bientôt historique où Barak Obama acceptera la nomination présidentielle pour le parti démocrate. Autres attractions du coin: le centre Pepsi (ou se déroulera l’essentiel du congrès démocrate), l’aquarium, le parc d’attraction Six Flags et le stade de baseball Coors Field.
Stade Invesco. Capacité: 70,000 démocrates.
Puis, retour au centre d’achat Cherry Creek pour une longue pause bienvenue pour rafraîchissements, dîner et accès Internet sans fil.
L’après-midi nous a amené un peu plus loin. Notre groupé était un peu plus nombreux, et notre destination était les montagnes immédiatement à l’ouest de Denver. Dès le départ du centre-ville, la nature du Colorado devient évidente : plaines jaunies cédant place aux montagnes, avec une végétation aussi rare que résistante. La géologie devient spectacle visible à partir de l’autoroute, alors que la voie est coupée à travers des millions d’années de roc.
Des la sortie de Denver
Comment faire un peu de géologie à partir de l’autoroute
Notre premier arrêt est légendaire dans le monde de la musique : Le Red Rocks Amphitheater, un espace entre quelques gigantesques rocs rouges, aménagé pour des spectacles. Favoris des groupes rock tels U2 (viz Under a Blood Red Sky), Red Rocks offre un spectacle avant même la première note de musique : Non seulement les 9,450 spectateurs sont-ils assis entre de gigantesques rocs, mais le centre-ville de Denver peut être aperçu à l’horizon, spectacle qui devient de plus en plus spectaculaire alors qu’avance la nuit.
Amphitheatre Red Rocks
Autour de l’amphithéâtre, beaucoup de sentiers aménagés, un peu de nature et des paysages saisissants. Un centre d’interprétation souterrain fait la longue liste des artistes y ayant joué, et offre les souvenirs habituels. Image amusante à la sortie de l’amphithéâtre : une bouteille d’eau au sigle de Denvention3, abandonnée au milieu du stationnement par un fan étourdi.
Puis, tous à bord de l’autobus pour la prochaine partie du périple, une route étroite nous amenant sans cesse plus haut, en passant près de façades de roc gris, de conifères sans cesse plus résistants à l’altitude, et de cabines pas nécessairement toutes pittoresques. Denver est à peu près à 1,600 mètres au-dessus de la mer : notre destination finit par être à 2,200 mètres d’altitude, et le paysage s’en ressent.
Paysage rocheux typique
Notre dernier arrêt de la journée est Lookout Mountain Point, un endroit avec une magnifique vue sur une bonne partie de l’est du Colorado, y compris Denver, les gratte-ciels de son centre-ville, la ville voisine de Golden (où se loge la distillerie Coors) et une route sinueuse. S’y trouve également la tombe de Buffalo Bill, un musé dédié à la mémoire du showman, et une boutique à souvenir on-ne-peu-plus western.
Gardez un souvenir de ce magasin…
…mais ne grimpez pas sur le buffle!
Un regard sur Denver, loin là bas…
Notre retour à Denver ne se fait pas par l’autoroute que tout le monde emprunte pour s’éloigner de Denver : non, nous sommes bons pour l’étroite route sinueuse qui descend directement à Golden. « La prochaine partie de notre voyage est tellement scénique que certains d’entre vous préféreront fermer les yeux » ricane notre guide, et il exagère à peine : les quelques minutes suivantes sont faites d’une série de courbes en tête d’épingles (où il faut klaxonner pour avertir les autres automobiles de notre approche), de paysages spectaculaires et de culturistes s’obstinant à monter la montagne en vélo.
Beep-beep: Il y a quelqu’un qui vient?
Une fois au pied des montagnes, c’est un passage rapide à travers Golden (y compris les vastes manufactures Coors situé entre deux montagnes où, nous dit-on, on ne fait pas que brasser de la bière) qui nous a ramené à Denver pour un autre regard au stade Coors, et un débarquement à mon hôtel du centre-ville.
Golden, Colorado. L’usine au centre est, évidemment, celle de Coors.
J’ai profité du reste de la journée pour me payer un dernier regard au mail de la 16e rue, ainsi qu’un peu de magasinage et un retour à une heure raisonnable à ma chambre d’hôtel pour me préparer au vol matinal du lendemain.
Aéroport de Denver. On dit des choses intéressantes à son sujet.