Pax Victoriana
Vous pouvez lire un roman de ma plume! Oeuvre de franche science-fiction, Pax Victoriana vous attend en six épisodes disponibles gratuitement en-ligne, gracieuseté du webzine La République du Centaure. Consultez l’annonce initiale, puis un court extrait pour vous donner l’appétit de lire le reste. Chaque épisode est accompagné de notes et commentaires originalement publiés sur Fractale Framboise que j’ai repris ci-dessous:
- Premier épisode (Prologue, Chapitres 1-3) et notes/commentaires: « Origines »
- Deuxième épisode (Chapitres 4-5) et notes/commentaires: « Mise en scène et exposition »
- Troisième épisode (Chapitres 6-8) et notes/commentaires: « Uchronies et quand la réalité nous rattrape »
- Quatrième épisode (Chapitres 9-11) et notes/commentaires: « Personnages et Action ! »
- Cinquième épisode (Chapitres 12-15) et notes/commentaires: « Activisme et oublis »
- Sixième épisode (Chapitres 16-19, Épilogue) et notes/commentaires: « Dénouement et Remerciements »
Si vous voulez en savoir plus, mon journal d’écriture du premiet jet (in English) est aussi disponible.
Hé bien ! Après des années à critiquer la fiction des autres, voici que je passe de l’autre côté du miroir : depuis le 6 mai 2017, vous pouvez lire le premier épisode de mon roman-feuilleton Pax Victoriana sur le site de la République du Centaure.
Ceci est un billet promotionnel, alors je vous promets une lecture sensationnelle : Pax Victoriana est une uchronie qui commence par l’arrivée d’un voyageur en Grande-Bretagne du début du vingtième siècle… à un moment où la reine Victoria règne toujours et que rien ne s’est tout à fait passé comme dans nos livres d’histoires. Avant la fin de ce premier épisode, vous aurez pris connaissance de deux réalités parallèles, de voyageurs temporels, et d’un objet mystérieux qui vaut les pires voyages. Vous aurez aussi rencontré nos sympathiques (?) protagonistes (un paradiplomate, un haut fonctionnaire, une agente spéciale et une mécanicienne), voyagé à Londres et Montréal (avec quelques brefs arrêts à Amsterdam, Chibougamau, Berlin et une usine espagnole) et commencé à comprendre les rouages de cet univers où se côtoient nanotechnologie et esclavage.
Pour marquer la parution des épisodes du roman, je vais poster ici quelques billets pour vous offrir un aperçu derrière les scènes du livre — intentions, actions, révision et suppositions. C’est aussi un endroit où vous pouvez poser des questions ou tenter de prédire ce qui se passera dans les épisodes suivants. Pour ce premier épisode, je vais discuter des origines du roman.
Pax Victoriana fut originalement écrit en novembre 2010, dans le cadre de l’exercice Nanowrimo « écrivez un roman en trente jours ». Sept ans plus tard, 2010 demeure une année assez chargée dans ma vie. C’est l’année où j’ai rencontré celle qui allait devenir mon épouse, ainsi que voyagé sur trois continents, sept pays et une dizaine de congrès de SF. Ce fut une année professionnellement satisfaisante, et je peine encore à imaginer les raisons pour lesquelles j’ai décidé, en plein milieu d’un automne surchargé, d’écrire un roman.
Vous pouvez lire mes notes d’écriture de l’époque —ce ne fut pas un mois tranquille. Entre de multiples voyages (Toronto, Montréal, Cozumel), passer du temps avec ma future épouse et de multiples rhumes (y compris un épisode de Streptocoque particulièrement intense), ce fut « le roman qui a passé le plus près de me tuer ». Lire mon journal d’écriture est presque pénible, et on peut voir, vers la fin du mois, une frénésie créative prendre le dessus pour terminer le roman dans les trente jours alloués.
On notera que « trente jours d’écriture » ne veut pas dire « trente jours de conception » : j’ai commencé à penser à Pax Victoniana un an plus tôt, et j’avais 5 700 mots de synopsis avant même d’écrire la première ligne du livre. Évidemment, tout a changé entre conception et synopsis, et le dernier tiers du livre ne suit guère le (mince) synopsis original.
Au départ, j’avais l’intention de m’amuser en terrain steampunk. Le sous-genre était en feu en 2009-2010, et une de mes intentions originales était d’écrire du steampunk qui critiquait le steampunk — comment parler des victoriens sans discuter de sexisme, de racisme, d’exploitation des pauvres et ainsi de suite ? Mais je voulais aussi me permettre un roman très ludique — le roman que j’avais écrit l’année précédente était remarquablement pessimiste, et écrit à la première personne de la perspective d’un antihéros assez répréhensible. (Imaginez un psychotique à la Hunter S. Thompson comme gérant de SAQ++ dans une Amérique qui constate qu’elle n’est plus une puissance mondiale, et vous avez une bonne idée de la teneur du livre) Pour 2010, je voulais revenir à mon style préféré : une franche aventure SF avec de multiples personnages sympathiques, beaucoup d’action, de nombreux rebondissements et encore plus d’idées.
C’est ainsi que mon aventure steampunk est devenue de plus en plus compliquée alors que j’y ai balancé le plus d’éléments SF possible. Nanotechnologie ! Uchronie ! Voyage dans le temps ! Objets mystérieux ! [Spoiler] ! [Spoiler] ! [Spoiler] !!! Prenant mon inspiration de l’essai de Rudy Rucker sur les « Power Chords » de la science-fiction, j’ai décidé d’y mettre le paquet. Le résultat est… complexe. Pax Victoriana est conçu pour les lecteurs aguerris de SF — j’ose croire qu’il est accessible, mais à plusieurs égards je dédie le roman à ceux qui ont lu beaucoup de SF et qui sont confortables à jouer avec les archétypes de la forme. C’est un jeu, et j’espère qu’il y aura suffisamment de lecteurs prêts à jouer avec moi.
D’autres références plus personnelles sont tapissées un peu partout dans le livre. J’ai voulu me faire plaisir, après tout, et c’est pourquoi les personnages font éventuellement un arrêt imprévu à [Spoiler], subissent une mauvaise réunion comme j’en ai subi pendant l’écriture du livre, ont l’expérience horrifiante de [spoiler] alors que j’écrivais la scène au même endroit (!) et terminent leur aventure à [spoiler] où ils remarquent un détail que j’ai découvert sur-place quand j’y ai voyagé quelques mois avant l’écriture du roman. Ce n’est pas un accident si un des personnages secondaires ressemble beaucoup à mon épouse, ou bien qu’un des personnages principaux a presque le même nom qu’un de mes supérieurs hiérarchiques à l’époque.
Vous vous demanderez sûrement ce qui s’est passé entre 2010 et 2017 avant que ne paraisse le livre. Une partie de la réponse est évidente : je me suis marié, je suis devenu papa, j’ai fait autre chose. Une autre partie de la réponse a à voir avec le trac de l’écrivain débutant : il était plus facile de laisser le roman dans mes tiroirs (en compagnie des huit autres manuscrits et deux autres ébauches de roman qui s’y trouvent) que d’essayer de le retravailler, me questionner sur la prose et tenter de deviner où sont les problèmes. C’est Alain Ducharme, cherchant un feuilleton pour La République du Centaure, qui s’est souvenu du manuscrit (il faisait partie de mon comité de lecteur à qui j’ai demandé des commentaires sur mon synopsis) et qu’i m’a fait une offre raisonnable pour le tout. Quelques années plus tard, j’étais beaucoup plus réceptif à l’idée d’une longue réécriture — pourvu que le résultat voie le jour !
Ceci étant fait… qu’attendez-vous ? Le premier épisode est disponible !
Pax Victoriana 2/6 — Mise en scène et exposition
Ceci est un billet promotionnel visant à vous convaincre d’aller lire l’épisode, alors je vous promets une lecture inoubliable ! Vous passerez du temps à Londres, Vienne, Ottawa, les Alpes italiennes, une nanomanufacture écossaise, et la forêt boréale quelque part au sud de Val d’or. Vous suivrez nos protagonistes alors qu’ils enquêtent sur des mystères venus du futur, sont tabassés par des ouvriers ottaviens, et constatent les limites de l’ironique Pax Victoriana. Comme dans tout bon roman steampunk, notre invité d’honneur est Nicolas Tesla… mais Tesla comme vous l’avez rarement vu. Quelques secrets sont révélés, un réacteur explose et un genou est brisé… mais j’en ai déjà trop dit.
En fait, alors que je cherche quelque chose d’intéressant à dire au sujet de ce deuxième épisode, c’est que « trop en dire » est une qualité difficile à juger dans un roman qui s’amuse à prendre lieu dans un monde où s’affrontent une demi-douzaine de factions. Quand de multiples univers s’affrontent sur un même terrain de jeu, le dosage des informations nécessaires à comprendre ce qui se passe n’est pas évident à jauger. Pas assez d’information rehausse le mystère, mais finit par tout obscurcir. Trop d’information donne l’impression de subir un cours magistral. J’ai refusé de commencer le roman par quelques pages bêtement explicatives (avec cartes, Dramatis personæ et autres béquilles similaires), préférant jouer le jeu des révélations progressives.
Mais gérer le rythme de ces révélations progressives fut un défi. Au départ, je me suis fié sur un procédé éprouvé : l’arrivée d’un étranger (James, notre paradiplomate) au centre de l’action, nous permettant de constater l’étrangeté d’une perspective familière. Mais pour diverses raisons, j’ai choisi de ne pas continuer longtemps en cette direction — James est un professionnel, après tout, et il n’est pas réaliste de penser qu’il reste ignorant du monde autour de lui très longtemps. Si bien que dès le troisième chapitre, James en savait déjà plus que le lecteur…
Évidemment, il y a d’autres personnages qui eux aussi découvrent la nature de l’univers qui les entoure au fil de leurs aventures. Il y a des retours en arrière déclenchés par des actes spécifiques (un procédé employé à deux reprises dans cet épisode deux). Et ce n’est pas fini — il reste encore trois factions importantes à introduire, et vous les verrez au fil des épisodes trois, quatre et cinq… Heureusement, toutes les cartes seront sur la table au début du dernier épisode, pour vous permettre de relaxer un peu et profiter du spectacle final.
Entre-temps, il reste beaucoup de nouvelles idées à aborder. J’ai parfois blagué avec mes lecteurs-tests que l’univers de Pax Victoriana (et je parle ici de l’univers local de la réalité dans laquelle l’essentiel du roman, pas les nombreuses autres réalités auxquelles le roman fait allusion) fera un excellent décor pour un jeu vidéo, jeu de rôle ou minisérie télévisée. — bref, j’avais parfois un doute que l’univers était devenu plus intéressant que l’histoire, ou que l’intrigue ne faisait pas justice au monde dans lequel elle se déroulait. (C’est un problème assez fréquent dans des œuvres d’auteur débutant — il y a parfois une tentation de trop travailler le monde aux dépens de l’intrigue, et je soupçonne qu’il est parfois plus facile de passer son temps à dessiner des cartes et écrire deux mille ans d’histoire contextuelle que de manipuler efficacement les moteurs d’une intrigue et de personnages crédibles.) Mais bon — l’écriture de fiction est un vaste réservoir de doutes angoissants, et « est-ce que mon monde est plus intéressant que mon histoire ? » n’a jamais empêché certains écrivains SF de plaire à leur lectorat.
Ce qui est un peu plus délicat avec une histoire aux factions si nombreuses, c’est la réelle possibilité de tomber dans les clichés de métapersonnification. En steampunk anglo-saxon, par exemple, il y a souvent une tendance à faire la promotion de l’Empire Britannique comme étant héroïque, et le faire affronter un ennemi aussi étranger que perfide. J’espère que Pax Victoriana ne sera pas perçu comme tel — personnellement, je suis bien embêtée de choisir entre mes racines culturelles françaises et britanniques. Je me suis assuré de mentionner, et parfois illustrer jusqu’à quel point l’Empire britannique était sans scrupule ni pitié (une des scènes marquantes du deuxième épisode explique le tout en détails) et de souligner les avantages de l’alliance européenne dont fait partie la France. Plus tard dans les épisodes suivants, vous verrez des factions moins honorables, mais nuancées par des tensions internes, des impératifs difficiles à renverser et des traumatismes marquants. (Mais rassurez-vous : il sera toujours possible d’applaudir pour les héros.)
Il semble étrange de passer d’enjeux très stratégiques tels la construction de monde à des questions d’écriture mot par mot, mais ce sont les mots qui créent l’univers d’un roman, et je mentionnerai avant tout le monde mon emploi éhonté de néologismes. Ils créent un effet d’étrangeté, certainement, mais leur avantage principal est la concision : quand je parle d’un automoteur, vous savez à peu près ce que je veux décrire, et vous savez surtout que quelque chose (i.e.; un parcours historique différent) motive l’emploi de ce mot inusité pour décrire quelque chose de familier. La chose me paraît plus difficile en français qu’en anglais. Je l’ai déjà mentionné ailleurs, mais le français est un langage fortement typé (contrairement à l’anglais, piratable/hackable à volonté) et il est parfois frustrant d’essayer certaines techniques grammaticales pourtant courante en SF anglo-saxonne. Les néologismes doivent être plus rigoureux. Il y a moins de flexibilité au moment de tenter des expériences de grammaire. Le « ton » habituel du français écrit ne semble pas toujours permettre autant de variations de niveau linguistique. (Par exemple, nos quatre personnages principaux ont des niveaux d’éducation assez différents, mais tenter de présenter le niveau de langage appauvri d’une d’entre elles s’est avéré plus difficile que je ne l’aurais voulue une fois pris dans le feu nourri du correcteur orthographique de Word, Antidote et mon redoutable directeur littéraire.) Une partie de ces difficultés est sans doute due à mon manque d’expérience en tant qu’écrivain — mais je persiste à croire que la SF en français impose un degré de difficulté légèrement plus haut que la SF en anglais de par la nature même du langage. (Et si quelqu’un veut en faire un panel à Boréal… la chose a été faite et peut se refaire.)
Entre la conception de monde et l’écriture des mots, il y a évidemment la mise en scène. Le choix de comment dramatiser des idées, des personnifications, des développements. Mais là, ce sera au lecteur de décider. Alors, qu’attendez-vous ? Vous avez un deuxième épisode à lire !
Comme pour tous les billets de la série, vous pouvez profiter des commentaires pour poser des questions, émettre des hypothèses sur les prochains épisodes, etc. N’oubliez pas que Pax Victoriana est un vrai feuilleton — mon directeur littéraire et moi sommes toujours en train de travailler sur les prochains épisodes !
Pax Victoriana 3/6 — Uchronies et quand la réalité nous rattrape
Hé oui ! Après un petit délai savamment calculé pour vous rendre fou d’en savoir plus, le troisième épisode de mon roman-feuilleton Pax Victoriana est maintenant disponible sur le site de La République du Centaure. Puisque ceci est un billet autopromotionnel, je suis tenu de vous promettre aventure, divertissement et grandes idées à la lecture de cet épisode. Après les péripéties globales des deux premiers épisodes, voici que la plupart de nos personnages convergent vers une seule destination — Albion, la ville plus technologiquement avancée de la planète où se déroule le roman. Malheureusement, Albion n’est pas un endroit accueillant pour tous…
Alors que le mystère des sabotages s’épaissit, voilà que nos héros partent à la recherche de pistes prometteuses, et que leurs périples se croisent à temps pour une scène d’action qui vous laissera encore plus sur votre faim pour le quatrième épisode ! Qu’attendez-vous ? Ce troisième épisode vous attend !
Ce troisième épisode me donne une bonne raison de parler d’uchronie et de réalité qui nous rattrape. Il va sans dire que Pax Victoriana est une uchronie : ça se déroule dans un passé très différent du nôtre. Mais plutôt que de vouloir jouer le jeu subtil de l’univers progressivement divergent (du genre : untel a glissé sur une peau de banane en 1832 et cela nous donne des bases sur Mars en 1979), j’ai préféré dynamiter le passé à coup de poncifs SF. Bref, j’ai pris des voyageurs temporels et je les ai renvoyés à l’époque victorienne.
Ceci mène à plusieurs conséquences amusantes. La première, c’est que l’intrusion de notre avenir dans notre passé me permet de ne pas trop me tromper avec des anachronismes involontaires. Vous remarquerez que les Britanniques se sont mis au système métrique, et que la BBC existe même si elle a été fondée bien plus tard que le point de divergence du roman — mais c’est parce que les voyageurs temporels ont amené ces idées avec eux. Bref, ça donne un filet de sécurité en matière de décor, de langage contemporain — voire même de présomptions sociales contemporaines dans un contexte historique. Pour ceux qui voudraient chipoter sur quelques aspects du roman, j’ai une parade fort utile : importé du futur !
Mais je crois également que cette infusion de détails contemporains dans un passé distant contribue à rendre le livre plus accessible. Les victoriens ne pensaient pas du tout comme nous (hier même, je suis tombé sur un commentaire au sujet du parti-pris antiféministe de la reine Victoria qui aurait pu changer quelques lignes des épisodes précédents) et de les voir composer avec des valeurs plus contemporaines est fort intéressant. Avec l’uchronie contaminée par notre futur, on peut y voir des repères au présent qui peuvent réorienter le lecteur. Nous avons rencontré Tesla à l’épisode précédent, montrant au passage que son futur l’avait rattrapé malgré lui. Voilà les jeux possibles avec l’uchronie.
(Finalement, mettre de la haute technologie à l’époque victorienne m’assure de pour voir y mettre toutes les explosions, bolides et armes lourdes dont je peux avoir besoin pour rendre tout ça intéressant. Non, mais, on apprend ce que l’on peut des films de Michael Bay.)
Ceci dit, il faut dire que l’intrusion du futur à l’époque victorienne ne se fait pas strictement selon « nos » valeurs. Je reparlerai de progressisme dans mes commentaires sur l’épisode cinq (parce que… oh, vous verrez,) mais cet épisode souligne jusqu’à quel point les futurs Frontistes sont arrivés chez Victoria drapé de l’Union Jack… et convaincu de leur supériorité raciale. Ils ont voulu transformer l’ère victorienne en paradis raciste… et cela n’a pas fonctionné. En revanche, leurs attitudes moins sexistes se sont elles aussi rebutées contre les mœurs victoriennes. Rien n’est simple.
« Rien n’est simple » est censé être un des leitmotivs de Pax Victoriana, en ce que presque chaque faction a ses dissidents, que des jeux de pouvoir ont lieu partout et que les meilleures intentions sont toujours sabotées par les événements subséquents. Chaque société développe ses anticorps contre les invasions, et un des aspects qui m’a le plus intéressé dans la conception de Pax Victoriana fut l’élaboration du « Future Threats Directorate », une réponse bureaucratique pour gérer l’impossible. Évidemment, puisque je suis un cynique optimiste… les « conséquences inattendues » ont tendance à être à l’avantage de tous. On me permettra ce rayon de soleil idéologique à un moment qui en a bien besoin.
Quand j’ai écrit le premier jet de Pax Victoriana en 2010, je suis allé voir du côté des partis politiques britanniques d’extrême droite pour me donner un peu d’inspiration. (Inspiration nauséabonde, bien sûr, mais inspiration quand même). Ces partis étaient alors marginaux, et j’aurais été sidéré de réaliser que, six ans plus tard, ils auraient une influence telle qu’à convaincre la Grande-Bretagne de se retirer de l’Union européenne. Et de dire que les Frontistes ne sont même pas les plus racistes de l’univers de Pax Victoriana… mais pour cela, il faudra attendre l’épisode cinq.
Bref, la réalité nous rattrape, souvent amèrement. Certains épisodes de l’épisode cinq que je trouvais caricaturaux en 2010 (« Mais voyons, personne ne peut être aussi ouvertement raciste ! ») semblent étrangement prophétiques alors que l’on regarde ce qui se brasse au sud de la frontière et les plans à peine voilés de ceux que l’administration en place a mis au pouvoir. Un rappel que la lutte n’est jamais terminée… mais en discutera effectivement dans deux épisodes.
En attendant, je vous souhaite un inconfortable séjour dans une uchronie qui comporte une utopie pas pour tout le monde… et peut-être un peu d’espoir alors que la nature humaine à son meilleur montre des signes de reprendre le dessus sur la peur, la haine et l’exclusion. Écrire de la SF, c’est disposer d’une trousse d’outils fort polyvalents pour parler de choses qui seraient difficiles à aborder dans des contextes plus réalistes. SI je veux parler d’inégalité sociale (et comment elle est souvent reliée à l’inégalité technologique), je vais fouiller dans mon bac à outils SF et j’en sors des dirigeables, des exosquelettes, des cités de verre et de verdure, des migrations temporelles qui se retournent au visage de ceux qui pensaient convaincre les autres de leurs insécurités. La SF, c’est sérieux !
Bonne lecture, alors… et je vous rappelle que l’espace-commentaires de ce billet est un endroit idéal pour poser des questions, spéculer sur les prochains épisodes, ou simplement commenter sur votre expérience de lecture. En ce qui me concerne, je retourne au polissage du quatrième épisode !
Pax Victoriana 4/6 — Personnages et Action !
Vous qui l’attendiez, voilà que le quatrième épisode de mon roman-feuilleton Pax Victoriana est maintenant disponible sur le site de la République du Centaure. Ceci étant un billet autopromotionnel, il est obligatoire de mentionner que cet épisode est le meilleur jusqu’ici : après les périples intercontinentaux des épisodes précédents, voici que celui-ci reste à Albion, explorant un peu plus les rouages de la ville, des ruelles jusqu’au sommet aussi littéral que figuratif du fonctionnement de la ville. Nos héros découvrent de sombres complots, lancent des attaques physiques et politiques, découvrent leur véritable ennemi et subissent des revers vexants. S’en tireront-ils ? Réponse au prochain épisode…
Entre-temps, si l’idée de cet exemple de roman-feuilleton vous plaît, il ne vous reste plus beaucoup de temps pour participer à la compagne de sociofinancement de la prochaine année de la République du Centaure : allez au site des Six Brumes pour en apprendre plus et encourager l’expérience.
Pour ce quatrième billet-accompagnateur, parlons de personnages et d’action. Car c’est à ce quatrième épisode que le caractère de nos personnages les mène à des choix discutables, et qu’une série de péripéties physiques continue à rendre les choses mouvementées.
Entre écrivains, on aura longtemps discuté des innombrables éléments requis pour assembler un roman. Il faut une histoire ! Il faut du style ! Il faut des personnages ! Il faut une atmosphère ! Il faut décrire les lieux ! Il faut des phrases grammaticalement exactes ! … et ainsi de suite. En même temps. En utilisant de simples mots plutôt que l’appareillage multimédia hollywoodien.
Il y a de quoi se demander qui est assez fou pour écrire de la fiction.
En tant que lecteur, je connais depuis longtemps l’importance des personnages (mystérieux, attachants, sympathiques, perfides, etc.) pour susciter un quelconque intérêt en une histoire. Ce que j’ai découvert comme auteur, c’est jusqu’à quel point les personnages peuvent devenir une raison d’écrire. Reprendre l’écriture était une bonne façon de revisiter des gens sympathiques, de voir comment ils allaient réagir à une situation, non pas de la perspective d’un synopsis, mais « sur le terrain » des situations précises, à les voir interagir par dialogues réels plutôt qu’intentions narratives.
Il n’est pas encore temps de vous dire jusqu’à quel point j’ai une « compagnie théâtrale » d’acteurs dans ma tête que je réutilise, souvent déguisés, d’un livre à l’autre selon les personnages dont j’ai besoin. Mais je peux vous dire que j’apprécie bien mes personnages. Ils sont sympathiques. Ils sont habituellement honorables à leur manière. Ils méritent leurs conclusions. Et, surtout, ils me forcent à revenir à l’histoire pour que je puisse les amener à la conclusion de leurs péripéties. Ce n’est pas un accident si je préfère l’écriture à la troisième personne étroitement liée à de multiples personnages — c’est la meilleure façon de mettre en évidence le point de vue de plusieurs personnages.
Aussi paradoxal soit-il d’exprimer des regrets alors que je suis encore en cours de réécriture pour les derniers épisodes, je me demande parfois si j’aurais dû passer un peu plus de temps dans la tête de mes personnages. Il y a un choix à faire, surtout en littérature de genre, entre intériorité et développement d’intrigue — passer plusieurs paragraphes à décrire des états d’âme, ou plusieurs paragraphes à faire avancer l’histoire ? Lecteurs et auteurs de genre préfèrent souvent primer l’intrigue (et dans le cas de Pax Victoriana, il s’agit tout de même d’un roman d’aventures roulant à toute vitesse, fortement axé sur les péripéties), mais le doute persiste : peut-être aurait-il été préférable de laisser un peu plus de temps aux personnages de s’exprimer ?
Sur l’autre versant de l’écriture, il y a les scènes d’action.
Alors que Pax Victoriana arrive en dernière moitié, ce n’est plus un secret que j’aime beaucoup les scènes d’action. C’est évidemment influencé par le cinéma (le concept même de la scène d’action n’est jamais aussi purement exécuté qu’à l’écran), mais pas entièrement. Car après quelques scènes où on expose la construction de monde, ou l’on échafaude des dialogues visant à mieux cibler les personnages, il est parfois plaisant de passer en mode purement kinétique, et multiplier les explosions, poursuites et dangers mortels.
L’art de la scène d’action n’est pas simple. En plus de place de la scène dans la grande intrigue, il faut aussi doser les détails. Qu’est-ce qui se passe ? Quels effets ont ces événements sur nos personnages, et comment choisissent-ils de réagir selon leur personnalité ? Quels sont les plans et objectifs de ceux-ci alors qu’ils sont dans le feu de l’action ? Est-ce que des détails de l’intrigue peuvent être révélés au fil de la séquence ? Et ainsi de suite. Un des personnages dans Pax Victoriana a comme principe directeur de fuir n’importe quelle situation dangereuse — les scènes d’action révèlent sa personnalité, mais ils finiront aussi par la forcer à changer.
J’aime aussi comment le style d’écriture peut changer au fil d’une scène d’action. Quand les choses bougent, quand le rythme accélère, il n’est plus avisé d’enfiler les longs paragraphes…
–Quelque chose de spectaculaire se passe!
Le personnage réagit !
Cela mène à une autre complication.
Comment notre héros s’en tirera-t-il ? Heureusement, il a un plan !
— Diantre, cela ne fonctionne pas !
Mais il pense à autre chose !
Succès !
… et ainsi de suite. Discutant des exigences de la fiction pulpeuse, Marlowe disait que dans le doute, il ne suffisait que de faire entrer sur scène un homme avec un fusil. Ce n’est pas une mauvaise idée… surtout quand l’auteur fait le choix bien respectable de se faire plaisir à lui-même comme premier lecteur.
Sur ce, bonne lecture… et n’oubliez pas que les commentaires de ce billet sont un bon endroit pour commenter sur l’épisode et spéculer sur les prochains. Ce quatrième épisode est un peu plus court que les autres (entre moi et mon directeur littéraire, nous avons coupé près de 15 % du matériel original, et ce malgré l’ajout d’une nouvelle scène), mais attachez bien vos ceintures, parce que les deux derniers épisodes vont rouler à fond de train !
Pax Victoriana 5/6 — Activisme et oublis
Bonne nouvelle! Le cinquième épisode de mon roman-feuilleton Pax Victoriana est disponible depuis peu sur le site de La République du Centaure. Ceci étant un billet autopromotionnel, je me dois de vous promettre une lecture qui va vous combler… Dans cet épisode, nos héros démasquent pas un seul mais deux complots d’ampleur globale, vont envahir une base secrète terrée sous le Yucatan, partent à la rescousse de l’un des leurs, voient leurs soupçons confirmés et forment des alliances inespérées. Ça bouge, et en prime vous assisterez à un bal de débutante où une de nos héroïnes ne se retient pas pour insulter des ordures de racistes…
…ce qui m’amène à parler d’activisme et comment c’est une chose à manipuler avec beaucoup de doigté, car ça peut nous exploser au visage quand on s‘y attend le moins.
Ce n’est pas un secret, car j’en ai parlé dès la parution du premier épisode, que Pax Victoriana fut en partie conçu pour ramener les horloges à l’heure au sujet du steampunk. L’empire britannique était loin d’être bienveillant pour tous, surtout pour ceux qui n’étaient pas des hommes blancs britanniques aisés. Vous voulez parler du 1%? Parlez plutôt du .01% qui régnait sur 412 millions d’individus, exploitant les ressources de la planète sans trop se soucier de justice sociale ou du progrès pour tous.
Il est dommage que, surtout en cette ère ou le cyber-reactionnisme est devenu de rigueur, « justice sociale » est devenu un prétexte aux pires débats. J’en aurais long à dire sur la tendance geek à se croire au-dessus la décence humaine (ma proposition d’une conférence à ce sujet a été rejetée par Boréal 2017… on verra ce qu’en dira Boréal 2018), mais je ne pourrai pas être plus clair en rappelant que la justice social est une bonne chose. C’est un but en soi. Ça bénéficie tout le monde. C’est un objectif que nous devrions tous poursuivre. En tant qu’écrivain, il est nécessaire d’être vocal à ce sujet
Ce qui ne veut pas dire que c’est simple ou facile d’être progressiste. Dès 2009, la communauté SF&F anglo-saxonne a beaucoup appris du débat « Racefail », un grand cours de difficulté moyenne sur les aléas de la justice sociale. Car, avons-nous tous appris avec stupeur, ce n’est pas suffisant d’être « pour » l’égalité sociale, de mettre des personnages différents dans nos histoires et d’être aussi positif que possible au sujet de la diversité, l’égalité, la fraternité. Non — « l’autre » n’est pas une caricature, et simplement lire des pages Wikipédia n’est pas suffisant pour considérer avoir fait ses devoirs. « L’autre » mérite autant d’attention, de subtilité et de complexité que soi.
En tant qu’homme blanc hétérosexuel, je suis conscient qu’il est facile de mal représenter « l’autre ». Que les bonnes intentions ne sont pas suffisantes — même les préjugés positifs restent des préjugés! En écrivant Pax Victoriana, j’ai présenté un personnage « autre » en essayant d’éviter les écueils habituels — pas de sexualisation, pas trop de clichés, un monologue interne varié, un développement assuré… en fait, c’est probablement mon personnage préféré, ce qui est probablement perceptible étant donné qu’elle progresse, lutte et triomphe plus que les autres personnages plus ordinaires. (Ce qui, en retour, m’a fait regretter de ne pas avoir mieux développé les autres personnages… mais ainsi va la vie éternellement frustrante de l’écrivain.)
Ceci dit, il est facile d’oublier des choses malgré les meilleures intentions. Très trop tard en révisant le manuscrit, je me suis rendu compte qu’il n’y avait pour ainsi dire aucune présence dans le roman pour les populations indigènes sauf d’une perspective très abstraite… quel embarras.
Chemin faisant, il est aussi facile de se poser trop de questions et de se paralyser d’indécision bien-pensante. Le débat récent au Canada anglais littéraire sur l’appropriation culturelle avait tout de même un fondement à ne pas négliger. Une bonne partie de l’inconfort ressenti durant le Racefail fut exprimé par des écrivains du domaine majoritaire, protestant qu’il était maintenant « défendu » d’écrire seulement des majoritaires par souci d’exclusion, et aussi « défendu » d’écrire des minoritaires par souci d’appropriation! Comme de rigueur pour le discours réactionnaire, c’est une exagération malhonnête — de but de l’inclusion n’est pas de dire ce qui est permis ou approprié, mais demander un peu de doigté à considérer l’autre et ne pas caricaturer. Personne ne réussira jamais la perfection, mais si les intentions sont au bon endroit, les pires écueils sont habituellement évités. Il ne faut pas se restreindre d’écrire ce que l’on veut… mais on doit aussi assumer les conséquences de la facilité.
J’ai trouvé ma propre piste de solution en me rappelant que la notion de « l’autre » est fluide — j’ai dans mes fichiers de nombreux exemples de personnages canadien-français en SF américaine à faire hurler de rire, et ce sont ces exemples qui m’inspirent quand vient le moment d’écrire d’autres « Autres ».
Tangentiellement, j’avouerai qu’il est rarement plaisant ou divertissant de parler de justice sociale sérieusement. Même si Pax Victoriana est conçu pour être une aventure légère, ce cinquième épisode nous plonge en dystopie raciste rendue perpétuelle grâce aux technologies de pointe. Si vous trouvez que cette excursion aux états confédérés est un peu trop facilement résolue, dites-vous que je tenais, comme auteur, à ne pas rester là une page plus longtemps que strictement nécessaire. Ce n’est guère plaisant d’ébaucher, même en fiction, un état sudiste où l’esclavage a été systématisé avec des technologies futuristes et s’il était nécessaire d’y aller, c’était également nécessaire de ne pas s’y complaire. Vous verrez au prochain épisode la façon dont je tire le coup d’envoi de cet intermède…
Entretemps, les fils de l’intrigue se resserrent pour mettre en scène les séquences finales. Il reste quelques questions à élucider, mais la plupart des cartes sont maintenant sur la table, ce qui veut dire qu’il ne reste qu’une longue séquence d’action pour tout résoudre. Qui s’en sortira? Qui périra? La réponse au prochain épisode… mais entretemps, assurez-vous de lire le cinquième!
Pax Victoriana 6/6 — Dénouement et Remerciements
Hé voilà : Vous qui attendiez la conclusion, voici que le dernier épisode de mon roman-feuilleton Pax Victoriana est disponible depuis peu sur le site de la République du Centaure. Ceci étant un billet autopromotionnel, je me dois de vous promettre une conclusion d’une intensité telle que j’en recommande la lecture à la maison, puisqu’elle risque de vous décoiffer. Nos protagonistes tentent de sortir des États Confédérés ! La nature de nos antagonistes est finalement révélée ! L’Europe et l’Empire Britannique sont sous attaque ! N’attendez pas un seul instant de plus, et allez lire la suite ! (Si vous attendiez la parution du roman entier avant d’en commencer la lecture, voici venu le moment de vous y mettre.)
Ce dernier épisode étant sous le signe de la conclusion, je profiterai de ce billet pour les remerciements qui s’imposent, et quelques mots sur la nature des conclusions.
Sans trop révéler les détails du dénouement, je noterai que, dans son ensemble, c’est une conclusion dite heureuse — les personnages principaux ont ce qu’ils voulaient, même si ce qu’ils désirent a peut-être changé en cours de route. Ils se retrouvent tous en bien meilleure situation qu’au début et sont récompensés pour leurs efforts.
Ceci est, en partie, une réflexion sur la nature du roman lui-même — Pax Victoriana est censé être un roman d’aventure et d’action léger, et faire pleurer tout le monde ne fait pas partie des objectifs du projet. Dans ce type d’histoire, il faut quitter sur une bonne note. Tous les problèmes n’ont pas été résolus, mais ils sont amoindris… et le lecteur peut voir comment les héros pourront continuer d’améliorer les choses.
(Avant que vous ne le demandez : non, aucune suite à Pax Victoriana n’est prévue. Je préfère écrire des œuvres différentes à chaque fois — même comme lecteur, je ne suis pas particulièrement friand des suites. Ceci dit, si un chèque substantiel est promis, ce serait intrigant de suivre les aventures d’Alberta quelques années plus tard, passé le démantèlement des États Confédérés par les actions communes des services secrets européens et britanniques. N’oublions pas que l’échéance de 2114 vaut aussi pour les univers de James et de Podington ! Sans compter les artefacts laissés par les voyageurs temporels et la raison pour laquelle les trois univers mentionnés dans le roman ne sont pas à la même année… Ceci dit, un des plaisirs de l’écriture de Pax Victoriana a été l’introduction d’une multiplicité de poncifs SFs sans trop s’inquiéter sur leur interaction après la fin de l’histoire. Il y a un point ou les choses deviennent trop compliquées à imaginer/raconter et celui-ci pour Pax Victoriana est cinq minutes après la fin.)
En tant qu’écrivains, nous avons le choix de décider comment se concluent les choses. Je laisserai à d’autres auteurs la discrétion de décider s’ils veulent présenter une finale heureuse ou pas, mais en ce qui me concerne le choix est clair : je préfère les finales optimistes. En tant que critique de film, j’ai de plus en plus de dédain pour les films d’horreur ou tous meurent à la fin : ça me semble facile, nihiliste et aussi irrespectueux de l’audience : L’essence d’une histoire est de multiplier les obstacles et voir comment les personnages vont se débrouiller devant ceux-ci — si les obstacles ont raison des personnages, pourquoi raconter l’histoire ? « Attaqué par une créature, il meurt » est un article de journal. « Attaqué par une créature, il se défend » est une histoire.
De plus : pour enfourcher un de mes chevaux de bataille préférés, il ne faut pas oublier que la fiction influence la réalité. Les histoires orientent les choix que nous faisons. Confronté à un dilemme moral difficile, n’est-il pas plus facile de prendre exemple de personnages vertueux ? Confrontés à des nazis (ce qui est maintenant moins rare que l’on pouvait y penser), on se mesure à Oskar Schindler (réel, mais popularisé par Liam Neeson en docufiction) ou Indiana Jones. Bref ; la fiction a une influence, et les auteurs devraient apprécier leur pouvoir à laisser une marque en ce sens. En ce qui me concerne, je choisis mon camp : les racistes perdent, la coopération triomphe, la menace est éradiquée et le lendemain sera meilleur.
Ouf ! Manifeste ainsi livré, j’en reviens à des constatations plus intimistes.
C’est à dire : WOW, J’AI PUBLIÉ UN ROMAN. J’ai déjà mentionné que j’ai huit autres romans dans mes tiroirs, mais celui-ci est différent, parce qu’il en est sorti. L’acte d’écriture est-il complet s’il n’est pas suivi d’un acte de lecture ? Pax Victoriana est maintenant public. Il ne m’appartient plus tout à fait. Vivant sur le web, il sera disponible pour longtemps. Peut-être me survira-t-il sur archive.org.
S’il semble paradoxal de parler de regret alors que le feuilleton vient tout juste d’être publié (et qu’il est toujours temps de changer des choses), il faut dire que le processus de réécriture avec intention de publication apporte un regard neuf et sévère sur le texte. À recommencer à partir de rien, certaines choses auraient pu être différentes. Plus d’emphase sur les personnages et leur développement. Un peu plus de démonstration plutôt que d’exposition. Et ainsi de suite. Il n’y a rien de tel que la publication pour instruire… et ça, c’est avant de lire les critiques.
Ne reste que les remerciements.
À mon épouse et ma fille, évidemment, pour avoir toléré les fugues d’un écrivain en pleine (ré) écriture.
À Éric Gauthier, lecteur sagace qui a repassé le manuscrit au peigne fin, profitant de son expérience d’écrivain pour reconnaître et commenter certains aspects de l’œuvre qui n’auraient pas été évidents au simple lecteur.
À Alain Ducharme, surtout, qui a sollicité le texte pour La République du Centaure, patienté pour que la réécriture se fasse malgré nos horaires respectifs chargés et passé au moins autant de temps que moi à améliorer le résultat. Sous sa tutelle, Pax Victoriana est passé de 96 295 à 84 284 mots sans en affecter la substance, et le mérite lui en revient. Alain est un véritable directeur littéraire comme il y en a trop peu : il va déconstruire un texte pour l’améliorer, et ce à tous les niveaux allant de la structure jusqu’aux corrections orthographiques.
Aussi à ceux qui, en participant à la campagne de sociofinancement des Six Brumes en 2016, ont permi la publication de cette œuvre et aussi encouragé ceux qui l’ont rendu possible.
Et finalement, à vous chers lecteurs, pour le périple en quatre mois, six épisodes, et dix-neuf chapitres. (Ces remerciements ne sont valides que pour ceux qui ont lu le livre. Les autres… qu’attendez-vous ? Revenez récolter vos remerciements après lecture.)
Comme d’habitude, les commentaires sont ouverts si vous avez des commentaires ou des questions…